Si l’on sait depuis l’Antiquité, que les femmes ont une vulnérabilité particulière pour développer des troubles psychiques durant la période périnatale, le développement de la psychiatrie du même nom n’a émergé en France que dans les années 1960.
Et les unités d’accueil pour les parents en difficulté au moment de l’arrivée d’un enfant, restent encore aujourd’hui beaucoup trop rares. En PACA, il n’existe qu’une seule unité d’hospitalisation conjointe parents-bébé à temps plein avec deux studios familiaux et deux places d’hospitalisation de jour, dans le service de pédopsychiatrie du Professeur Poinso à l’hôpital Sainte Marguerite. Pour se faire connaître, le service a ouvert ses portes la semaine dernière, à l’occasion de la semaine d’Information sur la santé mentale. « Nous recevons des femmes avec des difficultés de tous ordres, notamment des dépressions sévères, explique le pédopsychiatre Michel Dugnat, responsable de cette unité. Leur seul point commun, c’est d’avoir un bébé entre 0 et 18 mois. Malgré leurs troubles psychiatriques, notre but est de faciliter la rencontre entre la mère et son enfant, et d’éviter leur séparation, avec le soutien sécure des infirmières et puéricultrices. » Seulement 20 unités en France permettent ce type de dispositif précieux. Avec une prise en charge médicale mais surtout un suivi psychologique intense avec un entretien avec un thérapeute une fois par jour. Les résultats de diverses études montrent tout le bienfait de ces approches thérapeutiques conjointes auprès des mères et sur le lien avec leurs enfants.
10 % de pères déprimés également
Encore plus rare également, la place faite aux pères dans ces services périnataux. C’est pourtant le cas de cette unité marseillaise qui accueille des pères aussi la nuit et qui les accompagne sur le plan psychologique. « Le Pr oulayrol, fondateur de ce service dans les années 1990, et précurseur en la matière, a tout de suite voulu donner une vraie place aux pères, assure le Dr Dugnat. C’est encore le cas aujourd’hui. » Les études d’alors montrent que les partenaires de femmes présentant une dépression post-partum ont plus de risque d’être déprimés eux aussi. Et des études récentes indiquent également qu’environ 10 % des pères présentent aussi un épisode dépressif dans les 3 mois du post-partum. C’est l’ensemble de la famille qui est à risques. « On accompagne alors le couple, car dans ces conditions, il est voué à l’échec si les deux personnes ne sont pas prises en charge. Le père peut se décourager car il éprouve des difficultés à soutenir à la fois sa femme et leur enfant. » Concrètement, certains pères viennent prendre leur repas à midi, d’autres le soir. Ils sont reçus pour des entretiens s’ils le souhaitent, pour pouvoir exprimer leur mal-être. « Ils n’osent pas tous venir car c’est "leur femme qui va mal" mais dès qu’ils ont commencé, ils poursuivent. » Les effets de cette prise en charge et de la psychiatrie périnatale en général, notamment sur le développement de l’enfant, ne sont pas encore tous explorés.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature