Le terrorisme relèverait-il d’une cause psychopathologique ? En aucun cas, proteste le Pr Michel Lejoyeux chef du département psychiatrique des hôpitaux universitaires Bichat et Beaujon, qui met en garde contre toute psychiatrisation des kamikazes. Aucune étude n’a montré à ce jour que les groupes terroristes présenteraient plus de symptômes psychopathologiques que ceux qui existent dans la population générale. Même si les experts relèvent des cas de névrose traumatique, de comportements obsessionnels, compulsifs, narcissiques, antisociaux, paranoïaques, ou schizophréniques.
« Gardons-nous donc de psychiatriser les terroristes, s’exclame le Pr Lejoyeux. Cela risquerait d’occulter la dimension criminelle des actes qu’ils commettent. De surcroît, en considérant ces individus comme des malades mentaux, ce sont tous nos patients que l’on stigmatiserait, on ferait rejaillir sur eux des problématiques de dangerosité, alors que tous les psychiatres savent qu’ils sont massivement des victimes : les malades sont les tués, non pas les tueurs. »
Le diagnostic psychiatrique est structurel et non pas comportemental, rappelle le Pr Lejoyeux. « Si demain j’avais à expertiser l’un de ces terroristes, je ne m’intéresserais pas aux actes qu’il a commis, ni à la substance qu’il aurait prise et qui aurait altéré son état de conscience, mais à son histoire personnelle. Alors peut-être qu’on trouvera parmi eux des malades, mais je me garderai absolument de dire que pour perpétrer de telles abominations, cédant à ce que Freud appelait "la pulsion de mort", ils ont été sujets à priori à des pathologies ».
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