Les sauveteurs étaient confrontés dimanche à des destructions massives et des difficultés de communication après le séisme dévastateur au Népal qui a fait près de 2.400 morts, un bilan qui devrait s'alourdir, alors que l’on fait état d’au moins 6000 blessés et qu’une violente réplique de magnitude 6,7 a encore secoué dimanche le Népal. A Katmandou, la capitale très durement éprouvée, nombre d'habitants ont été contraints de passer la nuit dehors, dans la rue ou sous des tentes de fortune, malgré le froid. Des centaines d'immeubles ont été rasés et une partie de la ville est privée d'électricité.
[[asset:image:5526 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":[]}]]Les hôpitaux de la ville sont remplis de blessés, souffrant de multiples fractures des membres et autres traumatismes. "Je bosse depuis 5h30 du matin. "L'électricité est coupée. Les systèmes de communication sont encombrés, les hôpitaux bourrés à craquer et manquent de place pour accueillir les cadavres", a déclaré la responsable régionale d'Oxfam, Helen Szoke. "Je suis terrifié moi aussi mais il faut bien faire ce que l'on peut pour aider les autres", confie le chauffeur d'un cyclo-pousse qui a conduit la veille quelque 35 victimes à l'hôpital.
La Croix-Rouge se dit inquiète du sort des villageois des zones rurales isolées proches de la zone de l'épicentre. "Nous anticipons des pertes en vies humaines et des destructions considérables", a averti Jagan Chapagain, directeur pour l'Asie-Pacifique de la Fédération internationale des sociétés de Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). "Les routes ont été endommagées ou bloquées par des coulées de boue. Les communications sont rompues, ce qui nous empêche d'entrer en contact avec les branches locales de la Croix-Rouge et d'obtenir des informations crédibles", a souligné Jagan Chapagain. "Nous avons vu des scènes terribles de destruction, des hôpitaux qui ont été évacués et des patients soignés dehors à même le sol, des maisons et des immeubles démolis, des routes avec des crevasses béantes", a renchéri Eleanor Trinchera, coordinatrice pour Caritas Australia.
Sur l’Everest, le témoignage de la cardiologue américaine
Le séisme a également déclenché de terribles avalanches sur le mont Everest, alors que des centaines d’alipinistes se trouvaient en ce début de saison au camp de base situé à 5 500 m. 18 morts y étaient recensés dimanche, "J'ai couru et la vague, semblable à un immeuble blanc de 50 étages, m'a aplati. J'ai essayé de me relever et elle m'a aplati à nouveau", a raconté à l'AFP George Foulsham, un biologiste de Singapour féru de montagne. Ellent Gallant, une cardiologue américaine, a tenté de venir en aide aux blessés. "J'ai couru jusqu'à la tente et je me suis jetée par terre. Lorsque les vibrations ont enfin cessé, la tente médicale m'a demandé, ainsi qu'à un alpiniste indien, un médecin militaire, de m'occuper des personnes blessées à la tête. On a travaillé toute la nuit, on faisait des rondes, on distribuait des médicaments, on installait des intraveineuses", décrit-elle. "Mais l'un des neuf patients est mort: un sherpa de 25 ans. Sa tension artérielle avait dégringolé. On a rien pu faire", regrette la cardiologue. Les conditions de traitement des blessés étaient rudimentaires, a expliqué l'Américaine.
Des hélicoptères ont réussi à atterrir dimanche sur le sommet himalayen, à la faveur d'une amélioration des conditions météorologiques, pour secourir des victimes de l'avalanche. "Les gens sont allongés sur des brancards tandis que les hélicoptères atterrissent", a témoigné dans un texto la directrice du bureau népalais de l'AFP, Ammu Kannampilly, en reportage sur place.
Dimanche, une première équipe française de l'EPRUS décolle pour Katmandou
La communauté internationale se mobilise également. Les Etats-Unis ont annoncé l'envoi d'équipes de secours et le déblocage d'une première enveloppe d'un million de dollars. L'Inde voisine a dépêché deux avions de transport militaires et la Chine a annoncé l'envoi d'une équipe de 62 secouristes aidés de chiens. Deux avions russes transportant des sauveteurs devaient quitter la Russie dimanche, selon le ministère des Situations d'urgence. Des experts de l'Union européenne sont aussi en train de se rendre dans les zones affectées. Berlin, Londres, Paris et Madrid ont aussi promis leur aide, la Norvège annonçant pour sa part le déblocage de 3,5 millions d'euros. En France, Laurent Fabius, a indiqué qu’"une première mission de 11 secouristes ainsi que des produits de première nécessité décollent pour Katmandou" dimanche. De fait, une mission de l'EPRUS (Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) devait partir de Roissy dimanche soir avec notamment un anesthésiste réanimateur du CHU de Rouen, Edgar Menguy et une infirmière anesthésiste du CHU de Toulouse. Avec eux, ils amènent 450 kg de matériel médical, télécoms et des rations de survie. "D’autres moyens seront rapidement acheminés en fonction des besoins et des demandes des autorités et des ONG," selon le ministre des Affaires Etrangères.
Edgar, médecin anesthésiste réanimateur, sera le médecin de l'équipe exploratoire #Népal pic.twitter.com/bfiFhWdDnk
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— Réserve Sanitaire (@EPRUS) 26 Avril 2015 L'équipe médicale EPRUS au départ pour le #Népal pic.twitter.com/XO2isaImde
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Des équipes de MDM et de MSF sur place
Les ONG françaises se mobilisent de leur côté pour porter secours aux victimes et évaluer les besoins. Plusieurs équipes composées de chirurgiens, de médecins, de logisticiens et de coordinateurs, sont parties ou s'apprêtent à partir d'Inde, de Bruxelles, du Japon et de Paris, selon Laurent Sury, responsable des programmes d'urgence à Médecins sans frontières. MSF compte également "déployer un hôpital gonflable pour prendre en charge les blessés" à l'extérieur de Katmandou. L'hôpital, qui comprend deux blocs chirurgicaux et une salle de réveil, a une capacité de 60 à 80 lits.
Présentes au Népal depuis plusieurs années, Médecins du Monde et Action contre la Faim ont déjà des équipes à pied d'oeuvre, tout comme Handicap International, dont les 53 collaborateurs ont commencé à distribuer fauteuils roulants et béquilles à deux hôpitaux, indique l'ONG dans un communiqué. MDM envoie en outre depuis Paris un chirurgien, deux médecins, un coordinateur et un logisticien, ainsi qu'Acted, qui dépêche une équipe d'évaluation de six personnes.
Les images de BBC News (en anglais)
(avec AFP)
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