Œufs contaminés : la Belgique pointe du doigt les Pays-Bas

Publié le 09/08/2017
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Le ministre de l'Agriculture belge a accusé mercredi les Pays-Bas de ne pas avoir informé ses voisins européens malgré la découverte dès novembre 2016 d'un insecticide dans des œufs, le fipronil, à l'origine de l'actuel scandale alimentaire. "Quand un pays comme les Pays-Bas, un des plus gros exportateurs d'œufs au monde, ne transmet pas ce genre d'information, ça pose vraiment problème", a déclaré Denis Ducarme lors d'une audition publique extraordinaire devant des députés belges à Bruxelles ce mercredi matin. Le ministre présentait un rapport commandé par le gouvernement belge à son Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca).

"L'Afsca, via un certain nombre de contacts, s'est vu transmettre par hasard des informations internes, (...) un rapport de l'agence néerlandaise (de la sécurité alimentaire) transmis à son ministre néerlandais (..) qui fait état du constat de présence de fipronil au niveau des œufs néerlandais dès la fin novembre 2016", a expliqué le ministre belge.

Si ces informations avaient été connues plus tôt, "la vigilance par rapport au fipronil aurait été accrue, fortement accrue" en Belgique, a assuré Denis Ducarme, déplorant qu'aucune "communication officielle" n'ait été faite par La Haye.

La Belgique souhaite lever la confusion régnant autour de l'origine de la contamination. Le royaume avait été le premier pays de l'UE à notifier le 20 juillet la Commission européenne via le système d'alerte mis en place en cas de risque pour la santé des consommateurs.

Le rapport de l'agence belge revient sur la chronologie des événements, sur lesquels une enquête distincte a été ouverte le 19 juillet par le parquet d'Anvers qui se refuse pour l'instant à toute communication.

Pour la Belgique, la première alerte est en fait donnée à l'Afsca le 2 juin par un exploitant, qui constate lors d'un test d'auto-contrôle la présence de fipronil dans ses œufs sur la base de prélèvements faits deux semaines plus tôt.

"Un mois sans avoir la moindre information de l'agence hollandaise"

L'agence lance alors une série de tests et de contrôles, bloque un certain nombre de lots, et tente de remonter à la source de la contamination. Elle établit alors un lien avec les Pays-Bas au travers d'une firme établie dans le pays, jamais nommée par le ministre, mais identifiée par les médias belges et néerlandais comme l'entreprise ChickFriend. Cette firme a reconditionné le produit "DEGA-16", utilisé pour désinfecter les poulaillers contre le pou rouge.

L'Afsca fait une première demande d'information à son homologue néerlandaise, dès le 19 juin, réitérée à deux reprises au cours du mois, a souligné Denis Ducarme, n'obtenant une réponse partielle que le 13 juillet.

"Un mois sans avoir la moindre information de l'agence hollandaise, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nous n'avons pas pu avoir accès à la liste de clients de la firme hollandaise, ça veut dire que l'agence n'a pas pu déterminer plus tôt avec précision le périmètre suspect qu'elle a pu déterminer par la suite et qui concerne 86 exploitations", a encore regretté le ministre.

Si le ministre n'a donné aucun nom d'entreprise, belge ou néerlandaise, assurant respecter à ce sujet la discrétion demandée par la justice, il s'est tout de même interrogé sur la réaction de l'Afsca, qui n'a pas informé le gouvernement belge immédiatement.

Pour la première fois, la Belgique a procédé à des rappels d'œufs mardi soir, après que l'Afsca eut constaté une "incohérence" dans un résultat d'analyse envoyé par un laboratoire, qui concerne 6 entreprises. Des dizaines de millions d'œufs ont été retirés de la vente depuis la semaine dernière dans plusieurs pays européens après les premières révélations faites aux Pays-Bas début août.

(AVEC AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr