Ecoutez enfin Pelléas et Mélisande sans la musique de Claude Debussy, la proposition théâtrale de Julie Duclos est pour le moins séduisante. Qui a déjà vu pour de vrai ce couple mythique, incarnation d'un amour interdit parce qu'on ne séduit pas pas la femme de son frère? Mais la pièce ne relève en rien du vaudville. Et elle ne se réduit pas davantage à un halo symbolique ou médiéval au sein duquel la postérité l'a enveloppé. Si le spectateur découvre donc un texte annonciateur des révolutions théâtrales du XX ième siècle, il n'est guère aspiré par le drame joué devant lui et demeure à distance. Comme si Julie Duclos résiste aux envolées du texte et privilégie un dispositif scénique froid, moderne qui installe la pièce dans notre époque au risque de lui faire perdre son inquiétante étrangeté. La distribution, inégale, le recours au cinéma éloignent encore plus une immersion dans ce qui évoque parfois l'imaginaire d'un conte cruel. Mais si le spectacle bute sur l'obstacle d'inscire les mots de Maeterlinck dans le monde de 2020, il offre de belles échappées à Vincent Dissez, le mari rongé par la jalousie et Philippe Duclos, impérial et plein d'humanité dans son rôle de roi d'Allemonde. On lira enfin avec profit avant ou après le spectacle le très belle édition du texte donnée par Arnaud Rykner qui vient de paraître*.
Pelléas et Mélisandre de Maurice Maeterlinck, mise en scène de Julie Duclos Jusqu'au 21 mars , Odéon, Ateliers Bertier puis à Lyon Théâtre les Célestins et Théâtre de Sant-Quentin -en-Yvelines.
Folio Théâtre. 6,90 euros.
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