LA POLÉMIQUE va-t-elle rebondir ? Comme prévu, les pharmaciens et l’assurance-maladie ont signé un avenant organisant la rémunération des officinaux pour le suivi des patients sous AVK. Cette disposition était programmée dans la convention pharmaceutique. La mauvaise observance de ces traitements provoque 17 000 hospitalisations par an en France, et 4 000 décès.
Lors de l’annonce de cet accord conventionnel, les médecins libéraux avaient eu du mal à avaler la pilule. Le texte prévoit qu’en échange d’au moins deux entretiens annuels avec un même patient sous AVK, les officinaux percevront la somme forfaitaire de 40 euros (par an et par patient suivi). « Après avoir affirmé qu’elle ne disposait pas de marges financières pour revaloriser la médecine générale, l’assurance-maladie estime que la surveillance d’une seule ligne de prescription vaut autant que la prise en charge globale d’un patient atteint d’une ALD par le médecin traitant », avait plaidé le Dr Claude Leicher, président de MG France, résumant assez bien l’état d’esprit de la profession.
Coordination.
Depuis, les esprits se sont apaisés, notamment grâce à plusieurs réunions d’explication entre les deux professions. « Les médecins ont compris qu’il ne s’agissait pas pour le pharmacien d’adapter un traitement, précise Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), mais de s’assurer que le patient applique bien les directives de son médecin, comme l’observance du traitement ou les examens de contrôle. »
Il n’empêche. Certains s’étonnent toujours de cette gratification particulière des pharmaciens « alors que les médecins ne touchent rien pour l’adaptation régulière du traitement », insiste Claude Leicher. Le Dr Michel Combier, président de l’UNOF (généralistes de la CSMF), abonde en ce sens. « Le suivi des patients sous AVK nous donne du boulot à nous aussi... ». À la Fédération des médecins de France (FMF), même refrain : « ces 40 euros par an et par patient sont à comparer à la somme de 1,25 euro attribuée au médecin traitant pour la synthèse annuelle du dossier patient », calcule le Dr Jean-Paul Hamon.
L’assurance-maladie, les syndicats pharmaceutiques et médicaux devraient prochainement définir les termes d’un accord interprofessionnel instaurant des outils de coordination entre médecins et officinaux sur ce dossier sensible du suivi des patients sous AVK. L’occasion d’envisager une rémunération ad’hoc pour les médecins ? La profession pour une fois réunie appelle de ses vœux un forfait, mais reste lucide. « La CNAM y semble peu disposée » regrette le Dr Combier.
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