Pourquoi l'OMS ne classe pas l'épidémie Ebola « urgence de portée internationale »

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Publié le 18/10/2018
Photo ebola RDC

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Crédit photo : AFP

L'épidémie d'infections par le virus Ebola qui touche la région autour des villes de Beni et Butembo, dans l'est de la République démocratique du Congo (RCD), est « très préoccupante » mais ne constitue toutefois pas, « pour l'instant », une urgence de portée internationale. Telle est la conclusion du Comité d’urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’issue de sa réunion qui s'est achevée mercredi 17 octobre au soir.

« Il y a théoriquement un risque d'extension de l'épidémie aux pays voisins, mais pour l'instant aucun cas n'a été notifié en dehors de la RDC », explique le Pr Robert Steffen, qui dirige le comité d'urgence de l'OMS. La décision de ne pas augmenter le niveau d'urgence repose sur le fait que « la mobilisation d'une réponse internationale, impliquant des contrôles et un impact sur les échanges internationaux, n'améliorerait pas la réponse à l'épidémie. Au contraire, elle gênerait l'acheminement de personnels et de matériels sur place, souligne le Pr Steffen. Néanmoins, le comité reste profondément préoccupé par la flambée et souligne que la réponse doit être intensifiée et que la vigilance est essentielle. »

La violence ne faiblit pas

À la date du 15 octobre, l'épidémie d'Ebola en RDC a fait 139 morts depuis août, pour 181 cas confirmés et 35 probables, soit un taux de décès de 64 %. Les autorités congolaises ont déclaré samedi dernier faire désormais face à « une deuxième vague » de l'épidémie. Celle-ci a retrouvé un second souffle à la suite de la paralysie de l'action international, imposée par l'explosion des violences perpétrées par plusieurs groupes armés. Depuis août dernier, 8 attaques importantes ont été menées dans la région de Déni, épicentre de l'épidémie. La présence de zones échappant au contrôle du gouvernement congolais et la forte mobilité des populations a empêché les personnels de l'OMS de contacter plusieurs nouveaux cas suspects et de tracer des liens épidémiologiques.

« Nous faisons face à une triple barrière », a expliqué le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus : « La première est l'augmentation des violences, la deuxième est la méfiance des populations locales et la dernière est la proximité des frontières de l'Ouganda et du Rwanda. » Cela étant dit, « la conduite de la réponse à la crise du gouvernement est toujours forte »  et « des opérations de sécurisation, menées par la Monusco (Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo) » permettent de rester optimiste.

La campagne de vaccination en ceinture basée sur l'utilisation du vaccin rVSV-ZEBOV a en outre permis d'atteindre une bonne couverture des populations à risque : 18 000 personnes ont été vaccinées, dont 4 000 enfants.

Le 28 septembre dernier, l'aggravation de la situation a poussé l'OMS à requalifier le niveau de risque de l'épidémie, qui est passée de « national et régional à haut risque » à « régional et national à très haut risque ». Consécutivement, l'OMS a entamé des échanges avec 9 pays proches du lieu de l'épidémie : Ouganda, Rwanda, Burundi, et Soudan du Sud, afin d'organiser les activités de préparation. Un dépistage de l'infection est déjà mis en place au niveau des postes frontière terrestres.


Source : lequotidiendumedecin.fr