Présidentielle : pour qui roulent les anciens ministres de la Santé ?

Publié le 27/03/2017
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Crédit photo : GARO/PHANIE

On attend plus qu’elle pour se prononcer… Si Marisol Touraine cultive encore le mystère sur le choix de son champion pour la présidentielle, la plupart de ses prédécesseurs se sont d’ores et déjà prononcés. Du moins pour ceux qui sont encore actifs en politique. Et compte tenu du positionnement plus ou moins centriste de nombre de locataires de l’avenue de Ségur, c’est le choix d’Emmanuel Macron qui l’emporte.

Le dernier en date à s’être déclaré est Philippe Douste-Blazy. Et c’était pour annoncer le 23 mars son ralliement à l’ancien ministre de l’Economie. Dans un entretien à Marianne, l’ancien ministre d’Edouard Balladur et de Jacques Chirac -qui, il y a cinq ans, avait soutenu François Bayrou- étrillait la semaine dernière un François Fillon qui « n'a pas été à la hauteur des responsabilités » en maintenant sa candidature après sa mise en examen. Au contraire, selon l’actuel secrétaire général adjoint de l’ONU, Emmanuel Macron « est porteur de ce message universel français fait d'un enracinement à des valeurs et d'une ouverture au monde ».

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Douste, Kouchner et Evin en marche vers Macron

Même positionnement du côté de celui qui occupa l’avenue de Ségur à la fin des années quatre-vingt. Même si, en rocardien de toujours, Claude Evin a d’abord soutenu Manuel Valls lors de la primaire socialiste : « Je ne me reconnais ni dans les propositions de Benoît Hamon, ni dans sa contestation du mandat qui s’achève. Le seul candidat qui correspond à mes idées et qui peut être au second tour, c’est Emmanuel Macron », expliquait-il mi-mars à Ouest-France.

Si l’ancien élu de Loire Atlantique a fait ce choix, c’est d’abord parce qu’il s’avoue séduit par cette logique de « rassemblement de gens de droite et de gauche », promue par Emmanuel Macron. Claude Evin est aussi le seul des anciens ministres de la Santé à motiver sa décision par le programme santé d’En Marche. Mettre l'accent sur la prévention ? Il est archi pour, expliquait-il en substance, dès février, sur Europe 1 : « C’est quand même un très grand retard dans notre pays. », analysait-il. « Emmanuel Macron situe la prévention au regard d’une meilleure coordination », se félicite Claude Évin, qui, en ancien ARS Ile-de-France se montre également intéressé par cette « démarche beaucoup plus ciblée sur les territoires », que le candidat d’En Marche se fait fort de mettre en œuvre.

Plus lyrique et moins technique, Bernard Kouchner se retrouve aussi sans surprise dans cet œcuménisme droite-gauche qu’il a lui-même expérimenté. Le french doctor a lui-aussi voté pour Manuel Valls au premier tour de la primaire du PS. Mais, dès la mi-janvier, celui qui fut trois fois en charge de la Santé a expliqué au Parisien pourquoi il penchait désormais pour Macron : "S'il y a quelqu'un qui fait naître l'espoir, c'est bien lui. Un homme qui ouvre le jeu, qui ne dit pas de mal des gens par goût électoral », et « ne s’arrête pas au clivage droite-gauche ».

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Aubry soutient Hamon, à gauche toute !

Martine Aubry -dont Bernard Kouchner fut l’adjoint à la fin des années quatre-vingt-dix- ne voit pas du tout les choses de la même façon. Après avoir soutenu mezzo vocce Vincent Peillon à la primaire de la gauche, la maire de Lille accueillera Benoît Hamon le 29 mars à Lille, pour un meeting commun. Avec plusieurs de ses amis politiques, l’ancienne ministre du gouvernement Jospin avait apporté son soutien à Benoît Hamon dès le lendemain du premier tour de la primaire de la gauche. Gratifiant même au soir du second tour celui qui fut porte-parole du PS quand elle en était premier secrétaire d’un « un grand bravo pour sa victoire sans appel » face à Manuel Valls. Le projet de Benoît Hamon « apporte un souffle nouveau à la gauche et à notre pays », avait-elle ajouté, enthousiaste.

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Bertrand, Bas et Gaymard plutôt Fillonistes

Parmi les anciens titulaires du portefeuille de la Santé, on trouve quand même quelques soutiens de Fillon, même s’ils ne sont pas majoritaires. Xavier Bertrand est de ceux-là, même si l’ancien ministre du Travail et de la Santé a attendu le lendemain du premier tour de la primaire pour dire qu’il avait voté Fillon. Le président de la région Hauts-de-France s’était montré ensuite très critique début mars sur le rassemblement du Trocadéro. Et au même moment, on l’avait vu, parmi d’autres, à la manœuvre pour tenter de convaincre l’ancien premier ministre, d’abandonner la partie. Mais depuis lors, il ne ménage pas son énergie pour le soutenir, conseillant même récemment au candidat de la droite de multiplier les meetings et les déplacements.

Dans la même mouvance, citons aussi Philippe Bas, éphémère ministre de la santé de mars à mai 2007 : aujourd’hui sénateur de la Manche, il soutient François Fillon depuis le début des primaires et il fait partie de ses conseillers politiques et stratégiques. Dans l’équipe projet de Fillon figure aussi Hervé Gaymard, qui a rallié le dispositif après la défaite de son champion Alain Juppé, dans le gouvernement duquel il fut 18 mois secrétaire d’Etat à la Santé. L'ancien ministre a accordé son parrainage d'élu au candidat LR.

Reste l’amie de toujours de François Fillon. À ce titre, Roselyne Bachelot a soutenu la candidature du Sarthois depuis… mai 2015 ! Recyclée dans les médias, la pharmacienne reste néanmoins discrète. Sa dernière sortie en date datant de la fin novembre. Et ce fut pour rappeler qu’elle ne partageait pas toutes les vues du candidat LR, en particulier sur l’avortement : "L’IVG est un droit fondamental, c’est tout à fait évident. Ce n’est pas l’opinion de François Fillon, mais c’est la mienne », rappelait-elle alors sur le plateau de l’émission C à vous, sur France 5.

Dans l’orbite des candidats, on ne verra pas certains anciens ministres désormais éloignés de la vie politique comme Simone Veil, Georgina Dufoix, Jean-Louis Bianco, Jack Ralite ou même Jean-François Mattei. Lors de la primaire du PS, Edmond Hervé -lui aussi hors mandat désormais- soutenait Manuel Valls. Mais pas de prise de position de sa part depuis lors. Quant à Elisabeth Hubert, on la dit pas rancunière d’Alain Juppé. Mais pour le reste, ses fonctions de présidente de la Fnehad l’empêchent sans doute de prendre position plus avant.


Source : lequotidiendumedecin.fr