Présomption de SEP : les bons résultats de l'interféron bêta-1a

Publié le 03/01/2001
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L A SEP est une affection inflammatoire démyélinisante chronique du SNC qui atteint plus fréquemment les sujets jeunes, âgée de 20 à 40 ans, et le plus souvent la femme.

Le diagnostic clinique de certitude repose sur la survenue d'au moins deux épisodes successifs de troubles neurologiques évocateurs d'une démyélinisation ; ces poussées correspondent à des localisations anatomiques distinctes. L'IRM contribue au diagnostic.

SEP caractérisée

L'interféron bêta a montré une efficacité lorsqu'il est administré chez les patients atteints d'une SEP caractérisée ; en effet, dans cette indication, il ralentit la progression du handicap et entraîne une diminution du taux des rechutes cliniques et ralentit le développement des lésions cérébrales, objectivées par l'IRM.

Administration très précoce de l'interféron et évolution de la SEP

Un essai clinique nord-américain de grande envergure a été réalisé d'avril 1996 à mars 2000 avec, pour objectif, de répondre à la question : l'interféron administré plus tôt dans l'évolution de la maladie apporte-t-il un bénéfice supplémentaire ?
Trois cent quatre-vingt-trois patients, âgés de 26 à 40 ans, qui ont présenté un premier épisode neurologique isolé (à type de névrite optique isolée, de myélite transverse incomplète ou d'atteinte récente du tronc cérébral ou du cervelet), évocateur d'une démyélinisation, ont été inclus dans cet essai randomisé, réalisé en double aveugle, contre placebo. Les troubles neurologiques avaient été confirmés par les examens neurologique et ophtalmologique. De plus, l'IRM initiale, avant traitement par le produit de l'essai, avait montré au moins deux lésions cérébrales évocatrices de SEP, sans aucune traduction clinique.
Le traitement a été commencé moins de quatre semaines après les premiers signes cliniques. Un groupe de patients a reçu Avonex administré par voie intramusculaire, à raison de 30 microgrammes une fois par semaine, l'autre groupe a reçu un placebo.
Les critères d'évaluation cliniques et radiologiques sous traitement ont porté sur :
- l'évolution vers une SEP clinique caractérisée, avec apparition de symptômes nouveaux d'une durée de plus de 48 heures, différents de ceux présents initialement ;
- la survenue de troubles visuels ou neurologiques nouveaux, ou bien une détérioration neurologique progressive, objectivée sur une échelle spécifique. Des IRM répétées, sans et avec injection de produit de contraste, ont été effectuées afin de visualiser le nombre de nouvelles lésions, l'augmentation de leur taille, ainsi que le nombre de lésions prenant le contraste.

Résultats de l'interféron bêta-1a

En trois ans, l'interféron bêta-1a a entraîné une diminution de près de moitié du taux de progression vers une forme clinique caractérisée de SEP (figure).
En outre, après dix-huit mois de traitement, l'augmentation médiane de la taille des lésions était de 1 % dans le groupe interféron bêta-1a et de 16 % dans le groupe placebo. De même, à cette date, le groupe interféron présentait 67 % moins de lésions IRM prenant le contraste que le groupe placebo (tableau). Sa tolérance était bonne.
Ainsi, l'administration par I.M. de l'interféron bêta- 1a, une fois par semaine dès le diagnostic clinique posé de présomption d'une première poussée de démyélinisation, améliore les patients qui ont, en outre, des lésions cérébrales démyélinisantes infracliniques sur l'IRM. Ce type de patients constitue un groupe à haut risque de développer une SEP clinique caractérisée. Cependant, à ce jour, on ne peut pas dire si cette amélioration se maintient à long terme.
Néanmoins, les données actuellement disponibles suggèrent que la prévention ou le fait de retarder la seconde poussée de SEP, tout comme la réduction de la progression de la démyélinisation sur les IRM, devraient avoir des effets positifs à long terme.
Par ailleurs, les résultats de cette étude justifient la réalisation d'une IRM cérébrale dès la première poussée, afin d'étayer le diagnostic de présomption clinique de SEP. D'après une autre étude, le volume des lésions et leur nombre sur l'IRM constitueraient un facteur prédictif du degré du handicap 10 ans après la première poussée.

Dr Caroline RIGO

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6828