Escarres

Prévention et prise en charge encore trop tardive

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Publié le 04/06/2018
doppler

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Si l’escarre est bien « responsable d’une consommation accrue de soins et de ressources », la Haute autorité de santé (HAS) concède également, dans sa conférence de consensus de 2001, que sa « prévalence varie considérablement en fonction des populations à risque […] et des contextes cliniques ». Ainsi, « 17 à 50 % des patients entrant dans les services de soins prolongés présentent des escarres ; 5 à 7 % des patients adressés en court séjour en développent et 8 % des opérés lorsque l’intervention dure plus de 3 heures ».

Le docteur Sylvie Meaume, dermatologue et gériatre dans l’Unité « Gériatrie, plaies et cicatrisation » de l’Hôpital Rothschild (APHP), rappelle que « les personnes âgées qui constituent avec les paraplégiques l’une des deux populations principales touchées par cette pathologie peuvent contracter des escarres de manière accidentelle ou dans un contexte de fin de vie ». Chez ces patients, elles sont essentiellement localisées au niveau du sacrum (fréquentes chez ceux qui sont incontinents) et des talons. Dans ce dernier cas, le Dr Meaume constate que « l’artériopathie chronique des membres inférieurs » qui en est souvent la cause « n’est pas correctement identifiée par les médecins généralistes » et déplore ainsi « un retard de diagnostic » pour ces patients. En cas de suspicion, elle conseille donc de faire pratiquer un doppler « pour voir s’il y a une possibilité de revascularisation » grâce à « un geste chirurgical ou radio-interventionnel assez simple ».

Attention aux prélèvements et aux antibiotiques

Une fois l’escarre constituée, le Dr Meaume relève « le rôle fondamental du médecin généraliste dans la prise en charge de la douleur ». Elle tient également à rappeler que, « dans la plupart des cas, il n’est pas nécessaire de prescrire un traitement antibiotique général, et encore moins local ». Si fièvre il y a, « elle provient plus certainement d’une infection urinaire ou pulmonaire qui devra être traitée par de l’amoxicilline- acide clavulanique per os ». Par ailleurs, elle prévient que « l’erreur la plus commune consiste à faire effectuer un prélèvement bactériologique qui s’avère la plupart du temps inutile, voire délétère ». En effet, ces derniers « ne sont généralement pas faits dans les conditions optimales requises (en profondeur et après lavage à l’eau et au savon) et engendrent des prescriptions d’antibiotiques qui aboutissent à une sélection des germes ».

Un grand nombre de ressources disponibles

Si « on ne fait pas de chirurgie reconstructive, chez les personnes âgées atteintes d’escarre pour des raisons liées à la lourdeur et au caractère trop hémorragique de cette intervention, on peut en revanche utiliser toutes sortes de techniques comme la thérapie par pression négative (TPN) dans le cas d’escarres compliquées et graves », explique le Dr Meaume. Elle rappelle en outre qu’il existe « une grande variété de pansements adaptés qui sont accessibles au remboursement », de même que l’on peut également « prescrire en prévention des supports de bon niveau qui sont également remboursés ». En cas de doute, les généralistes peuvent faire appel à « des personnes ressources comme celles du réseau plaie et cicatrisation de la région Occitanie en utilisant la télémédecine ou non ou demander l’avis d’un médecin ayant un Diplôme Universitaire en Plaies et Cicatrisation », signale le Dr Meaume qui conclut en expliquant que « la prévention la plus efficace se fait en gardant les gens les plus autonomes possible et en intervenant rapidement en cas d’épisode aigu ».

Benoît Thelliez

Source : Le Quotidien du médecin: 9670