Polyarthrite rhumatoïde

Quelle place pour le nouvel anti-IL6 dans le traitement ?

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Publié le 29/10/2018
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A disposition depuis début Octobre en officine et pharmacie hospitalière, le sarilumab est un anticorps monoclonal anti-IL6 indiqué en association au méthotrexate (MTX) chez les adultes atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) active modérée à sévère insuffisamment répondeurs ou intolérants à un ou plusieurs traitements de fond (DMARDs). Il peut également être utilisé en monothérapie en cas d’intolérance au MTX ou lorsque celui-ci est inadapté.

Une amélioration des signes et symptômes

Evalué chez 2887 patients dans 7 essais cliniques, le sarilumab a démontré son bénéfice clinique par rapport au placebo et à l’adalimumab au cours de trois études de phase III (chez des patients insuffisamment répondeurs ou intolérants au MTX ou aux anti-TNF, selon l’étude). Par rapport au placebo, environ deux fois plus de patients sous sarilumab, en association au MTX ou à un DMARD conventionnel synthétique, présentaient une amélioration significative des symptômes de la maladie à 6 mois, mesurée par le taux de réponse ACR20. Comparé à l’adalimumab, le sarilumab en monothérapie a mis en évidence une diminution significative de l’activité de la maladie à 6 mois, évaluée par la variation du DAS28-VS.

Une biothérapie sous surveillance

Si certains effets indésirables sont fréquemment observés (neutropénies, augmentation des ALAT, érythème au point d’injection, infections respiratoires et urinaires, voire des perforations gastro-intestinales), « il y a moins d’accidents cardiovasculaires avec les traitements anti-IL6 qu’avec les anti-TNF, qui déjà diminuent les risques par rapport au MTX», souligne le Pr René-Marc Flipo  du CHU de Lille, secrétaire général de la SFR. Concernant l’immunogénicité, « la fréquence d’apparition d’anticorps est de l’ordre de 15 à 20% alors qu’elle peut être de 50% avec certains anti-TNF. De plus, ces anticorps ont très rarement une action de neutralisation », ajoute-t-il. Néanmoins, le sarilumab fait l’objet d’un plan de gestion des risques et une carte de surveillance est à remettre au patient au début du traitement.

En pratique, quelle stratégie adopter ?

En première ligne, les anti-TNFα restent les plus prescrits. « D’autant plus que nous allons pouvoir utiliser leurs biosimilaires, pour lesquels l’écart de prix est conséquent », ajoute le Pr Alain Cantagrel du CHU de Toulouse, président de la SFR. Cependant, le recours au blocage de l’IL6 est possible. « La monothérapie et l’activité anti-inflammatoire sont deux éléments clés pour le choix de l’anti-IL6 », met en avant le Pr Flipo. Si en monothérapie la stratégie anti-IL6 est privilégiée, « beaucoup de rhumatologues reconnaissent aussi qu’elle apporte une efficacité sur les formes les plus inflammatoires de la maladie », ajoute-t-il. De plus, la fatigue, moindre avec les anti-IL6, peut aussi être un critère de décision. Quant au choix entre les deux inhibiteurs de l’IL6 disponibles, l’aspect pratique intervient : le sarilumab peut être injecté toutes les 2 semaines (plutôt que toutes les semaines avec le tocilizumab) et possède une stabilité à température ambiante de deux semaines. Son prix est également 10% moins élevé.

D’après la conférence de presse de Sanofi Genzyme le 9 Octobre 2018

Karelle Goutorbe

Source : Le Quotidien du médecin: 9698