Le complexe d'Oedipe a-t-il valeur universelle, comme le dit Freud, ou une existence beaucoup plus restreinte ? Pour l'anthropologue britannique d'origine polonaise Bronislaw Malinowski, Freud n'a pas pris en compte la diversité des configurations sociales.
De retour d'une enquête de trois ans (1915-1918) sur les murs des habitants des îles Trobriand en Mélanésie, il affirme en effet que ces sujets ne suivent pas les étapes de développement décrites par Freud et que le complexe d'dipe fondateur n'existe pas dans cette culture. Pour ce chercheur, l'organisation des Trobriandais ne peut être lue à la lumière des thèses psychanalytiques puisque, entre autres, cette population serait dans l'ignorance des mécanismes de la paternité physiologique et aurait une liberté sexuelle sans rapport avec la nôtre. Au moment de la parution de « Totem et tabou », l'anthropologie est en plein remaniement ; les chercheurs commencent à nourrir leurs analyses d'observations sur le terrain, ce qui ne se faisait pas jusque-là ; Freud s'est en effet appuyé sur les travaux d'auteurs n'ayant jamais eu de contact direct avec les populations qu'il évoque dans ce célèbre ouvrage. L'étude de terrain de Malinowski fit grand bruit en son temps et fut le texte fondateur de l'ethnographie moderne. Bertrand Pulman propose une étude critique détaillée (« Anthropologie et psychanalyse ; Malinowski contre Freud ») des affirmations de l'anthropologue responsables d'un débat houleux avec les psychanalystes qui se poursuit encore aujourd'hui.
« Anthropologie et psychanalyse. Malinowski contre Freud », Bertrand Pulman, 227 pages, 28 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature