Brève

Radical

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Publié le 13/02/2020
théâtre

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Crédit photo : arnaud janin

L'écriture est-elle le meilleur instrument pour se reconstruire et opérer une résilience  ? Avec Histoire de la violence, un livre devenu une pièce, on n'ose écrire un spectacle, Édouard Louis rapporte une agression qui s'achève par un viol. Avant de raconter la période qui suit, à savoir déposition à la police, attente au service des urgences un 25 décembre pour bénéficier d'une trithérapie puis séjour chez sa sœur. Mais tous ces moments ne contribuent pas à la réparation loin de là. Seule, l'écriture, plus tard, en disant tout, -une fois pour toutes ?- a apporté une consolation. La représentation théâtrale procure une autre dimension. Elle n'aurait pas été possible rapidement après le traumatisme, de part sa violence, sa crudité. Le texte, on s'en doute, ne relève pourtant pas du rapport de police. Certes, l'écriture est sans effet littéraire. Mais de part la multiplicité des points de vue, le message échappe à toute lecture réductrice. Ce qui n'est pas toujours le cas de certaines tribunes radicales de l'auteur. Entre honte de classe, honte de son désir, surgissement de la violence, racisme ordinaire, discours politiquement correct, complexité des rapports familiaux, le récit devenu représentation, embrasse toutes ces thématiques avec plus ou moins de bonheur. Demeure la performance exceptionnelle des quatre acteurs allemands dirigée par Thomas Ostermeier, l'un des plus grands metteurs en scène de notre époque. Et une fin, différente du livre, qui se termine sur une citation d'Hannah Arendt autour du mensonge qui brouille ce que l'on avait cru comprendre. Remarquable.

Voir la vidéo de présentation du spectacle.

Histoire de la violence d'Edouard Louis vient d'être réédité en collection de poche Points 230. 7,10 euros. Jusqu'au 15 février 2020 au théâtre des Abbesses.


Source : lequotidiendumedecin.fr