L'efficacité du traitement chirurgical du reflux gastro-oesophagien a été démontrée par de nombreux travaux. La chirurgie, coelioscopique ou par laparotomie, permet de normaliser l'exposition acide de l'oesophage et de restaurer une zone de pression au niveau de la jonction sogastrique. Elle réduit enfin les relaxations transitoires du sphincter inférieur de l'oesophage, considérées comme l'événement principal de la survenue des reflux. Cependant, certains patients font part de symptômes digestifs ou extradigestifs d'intensité variable en période postopératoire. Le plus souvent, ces symptômes sont transitoires et s'estompent progressivement. Il peut s'agir d'une dysphagie, de douleurs thoraciques, d'une toux nocturne, de ballonnements, de difficultés d'éructation ou de gaz rectaux. Dans quelques cas, les symptômes sont plus durables et peuvent retentir sur la qualité de vie du patient. Les conseils hygiénodiététiques doivent être adaptés en fonction des signes dominants pendant les premiers mois de la période postopératoire.
La responsabilité du geste chirurgical dans l'apparition de ces symptômes était jusqu'à présent mal établie et pouvait être discutée. Il était donc nécessaire d'établir la prévalence de ces signes digestifs et extradigestifs en période préopératoire.
Des symptômes préexistants
L'expérience du groupe pathologie fonctionnelle digestive Pays de la Loire porte sur une série de 75 malades interrogés avant chirurgie antireflux. Le même questionnaire a été également soumis à 36 autres patients déjà opérés, depuis quatre ans en moyenne, adressés en raison d'un résultat non satisfaisant.
Ce travail a permis de constater que les symptômes signalés en période postopératoire étaient le plus souvent déjà présents avant l'intervention. Par exemple, dans cette série, 50 % des patients se plaignent de douleurs thoraciques après l'intervention, mais celles-ci sont présentes chez 56 % des sujets non encore opérés. Il en va de même de la dysphagie, présente chez 49 % des opérés mais aussi chez 31 % des patients avant leur intervention. Cette constatation s'applique également à la toux nocturne (40 % après intervention, 44 % chez les non-opérés), les ballonnements (respectivement 80 et 71 %), les difficultés d'éructation (47 et 19 %) et les gaz rectaux (88 et 38 %). Des ballonnements sévères, c'est-à-dire quotidiens ou survenant plusieurs fois par semaine, sont présents chez la moitié des patients non encore opérés.
Prévenir les patients
Ainsi, même chez des malades ayant une symptomatologie typique et dominante de reflux, des symptômes dyspeptiques sont souvent présents avant l'intervention. Ces résultats soulignent la nécessité d'une évaluation précise des symptômes chez les malades qui sont adressés pour chirurgie antireflux. Il est également essentiel de les informer sur la possibilité d'une gêne en période postopératoire. Toutefois, selon l'expérience du Pr S. Bruley des Varannes près de 8 malades sur 10 referaient la même intervention s'il fallait l'envisager de nouveau.
D'après un entretien avec le Pr Stanislas Bruley des Varannes, Nantes.
Les facteurs prédictifs de bonne réponse à la chirurgie
Les caractéristiques de 94 patients atteints d'un RGO, explorés par pH-métrie dans le laboratoire d'explorations fonctionnelles digestives de Nantes, puis opérés par la suite, ont été étudiées afin d'isoler des facteurs de bon pronostic de la chirurgie antireflux. Sur ces 94 patients, 60 avaient un score de qualité de vi ≥ 80 après l'intervention, témoignant d'un résultat satisfaisant. D'après l'analyse monofactorielle, le sexe masculin, une exposition acide pathologique de l'oesophage, l'absence de régurgitations et de dysphagie étaient des facteurs de bonne réponse. En analyse multifactorielle, trois paramètres indépendants ont été isolés : le sexe masculin, l'existence d'une exposition acide et l'absence de dysphagie. Ces résultats confirment l'intérêt de la pH-métrie et incitent à la prudence dans les indications opératoires en cas d'oesophage acido-sensible.
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