CONGRES HEBDO
Dans le cadre du pôle de référence hépatite C-Aquitaine, les services d'hépato-gastro-entérologie des hôpitaux Haut-Lévêque (Pessac) et Saint-André (Bordeaux) ont mené une étude afin d'apprécier le retentissement psychologique de l'hépatite C. Cent quatre-vingt-cinq patients ont répondu à un autoquestionnaire d'une centaine de questions, élaboré en collaboration avec un psychologue (A. Constant, laboratoire de psychologie de la santé de l'université Bordeaux-II). L'objectif était d'apprécier, d'une part, les idées reçues des patients concernant leur maladie et, d'autre part, le retentissement psychologique de la maladie au moment du diagnostic à l'aide, notamment, de deux critères : le stress induit par la découverte de la maladie comparé à d'autres événements de la vie (décès, divorce, licenciement, déménagement), ainsi que la perception de la gravité de la maladie par rapport à d'autres pathologies chroniques susceptibles de se compliquer (sida, cancer, diabète, HTA).
Les résultats ont montré que, après l'annonce du diagnostic, près d'un tiers des malades suivent un régime alimentaire. Le concept de « crise de foie » et d'intolérance alimentaire reste fort dans les esprits. Trente-six pour cent diminuent ou arrêtent le tabac. Ainsi, une fois qu'ils se savent contaminés, les malades changent de mode de vie et prennent en compte leur santé de façon plus globale. Bien qu'il ait été scientifiquement établi que le risque de transmission par voie sexuelle est extrêmement faible, 58 % des malades ont déclaré avoir modifié leur vie sexuelle. En effet, ils ont la crainte d'être contagieux pour l'entourage dans 44 % des cas. D'où la nécessité d'informations complémentaires.
Un événement anxiogène majeur
L'annonce du diagnostic d'hépatite C est considérée comme un événement anxiogène majeur : il arrive en troisième position après le décès et le divorce et bien avant le licenciement et le déménagement. Cette maladie est perçue comme moins grave que le sida et le cancer, mais plus grave que le diabète et l'HTA. De façon surprenante, la gravité réelle, évaluée par le score de fibrose METAVIR après biopsie hépatique, n'a aucune influence sur cette perception. Il est par ailleurs clairement établi que le niveau de multiplication virale n'a pas d'incidence sur l'histoire naturelle de la maladie et que sa détermination ne présente un intérêt qu'au cours de la période thérapeutique. Or le niveau de multiplication virale reste un élément fort dans l'esprit des malades, voire même de certains médecins !
La gravité est diversement perçue
Cette étude a montré également que 93 % des patients connaissent le terme de cirrhose, 37 % pensent que c'est une forme de cancer et 70 % considèrent qu'il n'est pas possible de mener une vie normale quand on a une cirrhose.
La gravité perçue de l'hépatite C est liée : aux stratégies d'ajustement, en particulier au profil vigilant (correspondant aux sujets qui vont chercher l'information, contrairement aux évitants, qui ne veulent pas savoir), aux représentations sociales, à l'âge et aux sources d'information (médecin, médias). L'intensité du stress engendré par le diagnostic dépend de la gravité perçue de la maladie et du degré de prédisposition anxieuse. Enfin, certains médecins généralistes pensent encore que le traitement antiviral n'est pas très efficace. Il est utile de dépister les hépatites C et, dans la mesure du possible, de les traiter. Les résultats de cette étude suggèrent que, outre le génotype viral et la gravité de la maladie hépatique (stade de fibrose), il pourrait être important de prendre en compte les effets indésirables potentiels du virus C (fatigue, retentissement psychologique) dans la décision thérapeutique. Si la fibrose est sévère, l'indication thérapeutique ne se discute pas ; si elle est minime, il faut tenir compte non seulement du génotype, mais également des effets indésirables extrahépatiques (fatigue, retentissement psychologique).
D'après un entretien avec le Pr Patrice Couzigou, responsable du pôle référence hépatite C-Aquitaine,et le Dr Laurent Castera, praticien hospitalier, CHU de Bordeaux, hôpital Haut-Lévêque, Pessac.
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