Santé en outremer, un état des lieux alarmant

Publié le 18/10/2017
L'hôpital historique de Dzaoudzi à Mayotte

L'hôpital historique de Dzaoudzi à Mayotte
Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra

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Crédit photo : MAURO FERMARIELLO/SPL/PHANIE

« Constat inquiétant dans tous les territoires ultramarins », c’est la conclusion de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) dans un avis adopté mardi sur la santé outre-mer. Dans tous les domaines, la situation est moins bonne qu’en métropole. Le taux de mortalité infantile est deux fois supérieur, l’espérance de vie à la naissance plus basse (pour la Guyane et Mayotte), le taux d’hospitalisation et de mortalité par AVC, très élevé. Les DROM sont aussi davantage affectés que la métropole par le surpoids et l’obésité. Les taux d'incidence concernant le VIH-SIDA sont aussi plus élevés. En Guyane, le taux de séropositivité est de 112 pour 100.000 habitants, contre 11 en métropole (hors Île-de-France). Les femmes en âge de procréer sont deux à trois fois plus exposées à un risque fatal lors de l'accouchement, et les plus jeunes sont confrontées à "un nombre nettement plus élevé de grossesses précoces non désirées".

Renoncement aux soins financier et géographique

En cause, l’organisation des systèmes de santé. Si les Antilles et la Réunion sont dans une "dynamique de convergence" avec l’Hexagone, la Guyane et Mayotte accusent "des retards très importants" explique la CNCDH. L’isolement géographique est une des difficultés. Les populations autochtones de l’intérieur de la Guyane sont ainsi particulièrement exposées aux risques sanitaires, faute de structures. "Les barrières financières sont aussi des obstacles", avec pour conséquence "le renoncement aux soins face au coût des transports, aux contraintes administratives trop lourdes et au manque d’accompagnement social", note la CNCDH.

Pas assez de spécialistes

Avec une démographie médicale compliquée, c’est particulièrement le déficit de spécialistes qui pose problème, il "entrave le dépistage de certaines pathologies et leur prise en charge dans un délai favorable", notamment "en gynécologie obstétrique, en santé mentale et pour la prise en charge de certains cancers", souligne la CNCDH. Et faute de médecine libérale, "l'hospitalo-centrisme" est "renforcé avec de grands ensembles hospitaliers souffrant de sous-dimensionnement, de sous-effectif et trop souvent de gestion hasardeuse", notamment en Guyane et à Mayotte, où des mouvements sociaux ont dénoncé des situations d'engorgement.

La stratégie santé Outre-mer 2016-2020 devrait permettre de mettre en place des solutions qui tiennent compte des particularités de ces territoires. De son côté la CNCDH préconise notamment de "prendre des initiatives innovantes visant à aider l'installation de professionnels", "de renforcer la prévention", de créer des "centres de soins délocalisés" là où il y a pénurie de médecins, comme à Mayotte et en Guyane, et de développer la télémédecine. Elle recommande aussi "une évaluation des besoins dans le domaine de la psychiatrie et de la santé mentale", et "le renforcement de l’aide à l’acquisition des droits aux populations les plus vulnérables".


Source : lequotidiendumedecin.fr