On se suicide plus dans les prisons françaises

Publié le 19/06/2014
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Mis en lumière par l’étude InVS , l’important écart entre le taux de suicide moyen enregistré dans 12 pays (100/ 100 000) et celui qui est relevé dans les prisons françaises (167 / 100 000) peut être diversement apprécié.« Je ne connais pas la situation carcérale à l’étranger, souligne le Dr Canetti. Mais un tel écart représente une honte pour la France. Sans faire un comparatif et tout en se gardant d’assimiler les problématiques du suicide et l’état de la santé mentale, c’est un marqueur violent et inquiétant. »

« Il faut rester prudent dans l’interprétation, nuance le Dr Aude-Emmanuelle Develay, qui a rédigé l’étude InVS, certains pays comptabilisent les décès par suicides uniquement constatés dans les établissements pénitentiaires, d’autres, comme la France, incluent ceux qui surviennent aussi à l’hôpital, d’où une distorsion des données. »

« Attention aux biais liés à des modes de recueil divers d’un pays à l’autre, estime aussi le Dr Michel David, président de l’Association des secteurs psychiatriques en milieu pénitentiaire (ASPMP), tout en posant la question : des pays peuvent enregistrer des taux moindres de passage à l’acte grâce à des dispositifs technologiques de surveillance, mais qu’en est-il alors de la souffrance psychique des détenus ? ». Soixante-dix-huit détenus se sont donnés la mort dans les prisons françaises au cours de l’année 2013. Ils sont 28 à être passés à l’acte depuis le 1er janvier.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9336