En seulement trois années d'existence, l'association Soins aux professionnels en santé (SPS) a renversé la table en matière de prise en charge de la souffrance des soignants. Après le lancement d'un numéro d'appel en 2016 (08 05 23 23 36) puis d'une application en juillet 2018, son président et ex-patron du Syndicat des médecins libéraux (SML), le Dr Eric Henry, a officialisé ce mercredi la création d'un « réseau national » de professionnels pour venir en aide aux soignants vulnérables ou à risque suicidaire.
L'objectif est simple : proposer aux professionnels de santé en souffrance une consultation physique, rapidement et partout sur le territoire. Développé en partenariat avec le réseau Souffrance et travail, le Service de santé des armées et le réseau Morphée, il s'affiche comme « le premier réseau national du risque psychosocial ».
3 000 appels en deux ans
Le réseau se présente sous la forme d'une liste déroulante, accessible sur le site internet de l'association (www.asso-sps.fr) et sur laquelle figurent des professionnels issus de chacune de ces quatre structures formées spécifiquement pour accompagner leurs collègues sujets à des risques psychosociaux. Les coordonnées précises de chacun d'entre eux sont accessibles et triées par département.
Si les psychologues sont à l'heure actuelle les plus représentés, quelques médecins généralistes et psychiatres sont déjà dans les rangs. « L'objectif est d'en intégrer de plus en plus pour permettre une prise en charge aussi bien médicale que sociale », explique le Dr Henry.
Ce nouveau réseau vient renforcer les 60 psychologues libéraux de la plateforme d'appel et de l'application qui avaient déjà traité plus de 3 000 appels en deux ans. Désormais, les professionnels en souffrance pourront obtenir une consultation physique de proximité – en plus d'un appui téléphonique 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Lors d'un bilan d'étape en 2018, SPS avait identifié les professions les plus représentées dans les appels de détresse : infirmiers (un tiers), médecins (30 %), aides-soignants (15 %), et pharmaciens (7 %), dentistes (5 %). Parmi les motifs d’appels, l’épuisement professionnel arrivait en tête (un quart des appelants) suivi par les demandes d’informations, les conflits avec la hiérarchie, les dénonciations des conditions de travail, les problèmes de santé (TMS…), la démotivation, les conflits avec un collègue, les ressentis de harcèlement.
Maison des soignants
Déjà à l'origine de formations organisées dans toute la France et validées par l'agence nationale du DPC sur le « repérage et la prise en charge des soignants rendus vulnérables par leur travail », l'association SPS a également annoncé sa première journée d'atelier et d'échanges. Les participants, des professionnels de santé, pourront assister à des conférences, tables rondes et ateliers destinés à prévenir la « vulnérabilisation ».
Fort d'un partenariat étroit avec la région Île-de-France et son agence régionale de santé (ARS), le Dr Eric Henry a annoncé sa volonté d'y installer en 2019 une « maison des soignants » dont le rôle serait d'offrir « à la fois un lieu de vie et un refuge » aux professionnels en souffrance. Sans être « un espace purement médical », cette maison permettrait d'identifier l'association par un lieu, installé en ville. « 39 % des soignants installés en zone rurale ont déjà eu des idées suicidaires contre 18 % dans les villes », rappelle l'ancien leader syndical avant de conclure : « Les faire venir en ville, c'est déjà diviser les risques par deux. »
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