L'Institut Pasteur de Paris a identifié du coronavirus par amplification par PCR dans les prélèvements de sept patients atteints de SRAS : six avaient été hospitalisés à l'hôpital de Hanoi et le septième est le premier cas français hospitalisé à Tourcoing. Ce virus qui, selon les premières observations, semblait « atypique » est doté de caractéristiques similaires à celles retrouvées par les équipes du CDC d'Atlanta. L'Institut Pasteur a aussi procédé à l'analyse des prélèvements effectués dans les trois autres cas suspects retrouvés en France (Besançon, Bordeaux et Montpellier). Ces personnes (dont un médecin et une hôtesse de l'air) se trouvaient dans le même avion - Hanoi-Paris via Bangkok - que le cardiologue français hospitalisé à Tourcoing. Devant cette recrudescence de cas, la direction générale de la Santé « déconseille les voyages dans les zones endémiques ». Des mesures avaient déjà été données aux compagnies aériennes il y a deux semaines, mais, pour le Pr Lucien Abenhaïm, directeur général de la Santé, « elles avaient été appliquées de façon variable ». Désormais, selon les consignes données par la DGS au préfet de Seine-Saint-Denis, les passagers en provenance des régions d'Asie touchées par l'épidémie ne pourront débarquer que « si elles précisent sur leur fiche l'adresse à laquelle on peut les contacter en France ». Cette disposition a été mise en place le 29 mars. Deux jours plus tard, c'était au tour des syndicats de policiers de la police de l'air et des frontières de réclamer des mesures de protection pour le personnel.
Hanoi : des militaires relaient le SAMU
Une équipe de médecins et de personnel paramédical militaire a été dépêchée à Hanoi où le retour des personnes atteintes par le SRAS est encore l'objet de question. Ils auront comme mission de relayer l'équipe du SAMU de Paris qui était présente dès les premiers jours auprès des malades français et vietnamiens, et qui sera mise en quarantaine à son arrivée à Paris.
Ces mesures entrent dans un contexte où le mode de transmission de la maladie pose de nombreuses interrogations. Après avoir affirmé, dans un premier temps, qu'un contact très proche avec une personne atteinte était indispensable au développement de la maladie, les autorités sanitaires de Hong Kong reviennent sur cette notion. Si, effectivement, l'épidémie s'était d'abord propagée au personnel soignant et aux proches des personnes contaminées, il semblerait maintenant que la transmission soit plus facile que l'on pensait. A Hong Kong, par exemple, plus de 80 nouveaux cas ont été enregistrés en moins d'un week-end et des mesures draconiennes sont prises par les autorités afin de limiter les risques de transmission.
Hong Kong : quarantaine
Après avoir fermé les écoles, les universités et les piscines, des immeubles d'habitation entiers sont mis en quarantaine. C'est le cas de la résidence Amoy Gardens, dans laquelle le nombre de cas a augmenté de 50 % en un jour, passant de 121 dimanche à 185 lundi. Les habitants de cette résidence - du moins ceux qui y vivaient encore après l'apparition de plus de 100 cas - ne sont pas autorisés à quitter l'immeuble sans une autorisation écrite spécifique d'un responsable sanitaire. Même si cette mesure est appliquée de façon stricte, des foyers de contamination secondaire sont d'autant plus à craindre que l'on estime que la période d'incubation est comprise entre 2 et 8 jours. Le gouvernement de Hong Kong garantit les salaires aux personnes mises en quarantaine afin de s'assurer qu'elles ne sortent pas. Pour le secrétaire à la Santé, M. Yeoh Eng-kiong, « personne ne peut exclure l'éventualité d'une transmission par l'air ambiant ».
L'ensemble des laboratoires de virologie impliqués dans la recherche fait preuve d'une réelle volonté de collaboration. Ainsi, des forums de discussion ont été mis en place par l'OMS afin que les spécialistes en virologie - et, en particulier, impliqués dans la recherche sur les coronavirus - puissent échanger des informations. L'institut de Francfort, qui, pourtant, avait, dans un premier temps, impliqué le métapneumovirus, met en ligne un protocole de recherche par PCR réalisable dans la plupart des laboratoires.
Recommandations pour les médecins libéraux
La direction générale de la Santé a émis vendredi soir des recommandations à destination des professionnels de santé libéraux.
En cas d'appel pour une consultation à domicile, il convient de se munir d'une paire de gants et de lunettes de protection avant d'aller au domicile du patient pour l'examiner. Sur place, il faut contacter le médecin régulateur du centre 15 par téléphone afin d'organiser la prise en charge du patient et assurer ainsi son hospitalisation dans un centre hospitalier de référence. A défaut, il convient de contacter directement depuis son cabinet le centre 15 pour que le SAMU assure la consultation et la prise en charge.
Si un patient se présente spontanément au cabinet du praticien, il est nécessaire de l'isoler de la salle d'attente commune, de se protéger avec les mêmes précautions d'hygiène et de contacter le médecin régulateur du centre 15 afin d'organiser la prise en charge du patient et assurer son hospitalisation dans un centre hospitalier de référence.
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