Suspicion clinique de Purpura fulminans : le traitement antibiotique doit être immédiat

Publié le 03/01/2001
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L ES experts du Conseil supérieur d'hygiène publique de France ont considéré, pour émettre leurs recommandations, que, chaque année, dans notre pays, une trentaine de décès par infection méningococcémique sont dénombrés et que la létalité de cette affection ne diminue plus depuis plusieurs années. Pourtant, il ressort de l'analyse de la littérature scientifique que, dans les cas de suspicion clinique d'infection méningococcique invasive, la mise en œuvre immédiate d'une antibiothérapie parentérale adaptée au germe - au domicile du patient sans attendre la réalisation de prélèvements - est de nature à réduire la létalité liée à certaines formes invasives de la maladie. Mais cette antibiothérapie immédiate doit cependant être réservée à des situations cliniques bien définies pour lesquelles le bénéfice que l'on peut en attendre est supérieur au risque de décapiter une infection, qu'elle soit ménigococcique ou d'autre origine bactérienne, et de favoriser l'émergence et la diffusion de la résistance bactérienne aux antibiotiques. Enfin, on sait que l'existence d'un Purpura fulminans ou d'un délai excessif de prise en charge sont les principaux facteurs associés au décès par infection méningococcique et que, à ce titre, ils constituent des situations cliniques pour lesquelles le bénéfice attendu d'une antibiothérapie parentérale présomptive n'est pas contestable.

C'est pour ces raisons que la section des maladies transmissibles du Conseil supérieur d'hygiène publique de France a considéré que, en dehors du milieu hospitalier, tout malade qui présente des signes infectieux et, à l'examen clinique, un purpura comportant au moins un élément nécrotique ou ecchymotique de diamètre supérieur ou égal à 3 millimètres doit immédiatement recevoir une première dose d'un traitement antibiotique approprié aux infections à méningocoque. Ce traitement doit être administré si possible par voie intraveineuse ou, à défaut, par voie intramusculaire, et ce quel que soit l'état hémodynamique du patient.
Dans les suites immédiates de l'administration du traitement antibiotique, le malade doit être transféré d'urgence à l'hôpital, par l'intermédiaire d'une équipe médicalisée expérimentée (SMUR), sous réserve que son délai d'intervention soit inférieur à vingt minutes. « Quel que soit le moyen de transport choisi, les urgences de l'hôpital vers lequel le malade est dirigé doivent être alertées de l'arrivée d'un cas suspect de Purpura fulminans, afin que son accueil puisse être préparé », ont conclu les auteurs du rapport.

Le traitement

Il est recommandé d'utiliser :
- soit la ceftriaxone par voie intraveineuse, en utilisant une forme appropriée (sans lidocaïne), ou par voie intramusculaire, à la posologie de 50 à 100 mg/kg chez le nourrisson et l'enfant sans dépasser 1 g, et de 1 à 2 g chez l'adulte ;
- soit le céfotaxime (SAMU, SMUR) par voie intraveineuse, en utilisant la forme appropriée sans lidocaïne, ou par voie intramusculaire, à la posologie de 50 mg/kg chez le nourrisson et l'enfant sans dépasser 1 g, et 1 g chez l'adulte ;
- ou, à défaut, l'amoxicilline par voie intraveineuse ou par voie intramusculaire, à la posologie de 25 mg/kg ou 50 mg/kg (selon la voie d'administration) chez le nourrisson et l'enfant sans dépasser 1 g, et 1 g chez l'adulte.
Cette dose doit être répétée dans les deux heures qui suivent cette première administration.


Méningites au retour de la Mecque

Une série de cas de méningites a été détectée chez des pèlerins au retour de la Mecque au mois de mars. Ces infections ont été liées à la circulation d'une souche épidémique de méningocoque W135 au sein de la population rassemblée en pèlerinage en Arabie saoudite. Des cas similaires ont été signalés dans d'autres pays européens : la Grande-Bretagne et l'Allemagne, par exemple. Située dans une « zone à risque épidémique », l'Arabie saoudite exige systématiquement à l'entrée sur son territoire la vaccination contre les méningites à méningocoques A et C, mais ce vaccin ne protège pas contre la souche
W135, qui, d'après l'Institut Pasteur, serait une souche mutante apparue après la mise au point du vaccin, en réaction contre lui.

Dr Isabelle CATALA Dr I. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6828