THM et cancer du sein, une nouvelle étude à charge

Publié le 06/09/2019
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17 ans après le coup de semonce de l’étude WHI, une méta-analyse du Lancet confirme le lien entre THM et cancer du sein, quel que soit le traitement utilisé. Des résultats discutables, estiment certains experts français.
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Crédit photo : SPL/PHANIE

Depuis l'étude WHI, les publications retrouvant un lien entre traitement hormonal de la ménopause (THM) et cancer du sein se sont multipliées. Une méta-analyse parue dans le Lancet va plus loin en quantifiant le risque pour chaque type de traitement. 

Ses auteurs ont analysé 58 études regroupant 108 647 femmes atteintes d’un cancer du sein dont près de la moitié ayant suivi un THM. Selon leurs conclusions, tous les THM sont associés à un surrisque de cancer du sein, à l'exception des œstrogènes vaginaux topiques.

Ainsi, une femme de 50 ans suivant pendant cinq ans un THM associant œstrogènes et progestérone en continu a un risque de cancer du sein dans les 20 ans de 8,3 % vs 6,3 % pour une femme du même âge non traitée. Soit une augmentation du risque absolu d’un cas pour 50 femmes traitées. L’impact est moindre en cas d’administration séquentielle de la progestérone (7,7 %) et de traitement œstrogénique seul (6,8 %).

L’étude ne met en évidence aucune différence selon les œstrogènes utilisés ou le progestatif associé. De même, la voie d’administration n'a pas d'influence tandis que l’âge d’introduction du THM joue à la marge. Le risque augmente par contre avec la durée du THM et persiste au moins 10 ans après l’arrêt du traitement.

À première vue, ces résultats vont à l’encontre de la théorie suggérant qu’un THM « à la française » ferait exception. Mais pour le GEMVI (Groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal), ils sont discutables car basés sur « des études d’observation relativement anciennes » concernant « des THM et notamment des progestatifs de synthèse que nous n’utilisons plus en France ». Par exemple, « même si les auteurs rapportent une augmentation du risque avec la progestérone micronisée, cela ne concerne que 38 cas », fait valoir la société savante. Elle souligne que l’étude française E3N suggérant l’absence de surrisque avec un traitement de cinq à sept ans par œstradiol et progestérone naturelle « n’a pas été incluse ».

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr