À la scène, Christophe Honoré connaît tous les succès. Au festival d'Aix en Provence en juillet sa mise en scène de la Tosca a soulevé l'enthousiasme. Sa pièce Les idoles consacrée à cette génération d'artistes foudroyé par le sida et présentée à Paris au théâtre de l'Odéon a suscité une telle ferveur, méritée (Voir notre critique publiée le 24 janvier dernier) qu'elle sera reprise en 2020 dans le même théâtre. Enfin, cette reconnaissance critique et publique s'illustrera toujours en 2020 par une invitation à la Comédie-Française avec une adaptation pour faire simple d'A la recherche du temps perdu. Ce succès des Idoles ne doit rien à l'inscription dans l'air du temps ouvert par le triomphe du film 120 battements par minute. Elle est le plutôt le fruit d'un essai créatif original, se raconter sans filet à travers des types d'écriture différents comme le théâtre, le cinéma et la littérature. Témoigner de sa condition d'artiste homosexuel après le séisme des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, recréer sinon une filiation imaginaire du moins une généalogie artistique avec une écriture qui relèverait du tombeau littéraire, hommage à des grands disparus sans la solennité mais augmenté de l'humour, voire de la farce. Au théâtre toutefois, Christophe Honoré avance masqué. Il le retire dans ce livre qui vient de bénéficier d'une réédition en poche. Ici, le témoignage de reconnaissance à cette génération fauchée par la maladie est plus discret. Et s'illustre seulement par des photographies d'artistes sans lien avec le texte. Christophe Honoré plonge dans le présent, son présent, celui d'un père homosexuel harcelé parce que père et homosexuel. Vraie/fausse enquête policière, l'enquêteur part à la recherche du ou de la coupable. Mais au-delà du témoignage vécu, s'ouvre une brèche, celle de la haine déversée sans limite ou retenue sur tout ce qui peut être différent. Ce politiquement correct ne dissimule pas pour autant la singularité d'une sexualité, de désirs spécifiques, distincts de la majorité hétérosexuelle. Ni œuvre militante, ni œuvre de témoignage, c'est d'abord un livre d'un auteur engagé dans sa vie qui cherche encore et toujours sans être sûr d'avoir trouvé. Heureusement pour ses lecteurs et ses œuvres à venir.
Ton père, Christophe Honoré, 192 pp., collection Folio, 16 illustrations, 6,80 euros.
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