Allergies respiratoires sévères

Trois défis pour les prochaines années

Par
Publié le 08/06/2017
test allergie

test allergie
Crédit photo : GARO/PHANIE

Les maladies allergiques sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus complexes, souvent s'auto-aggravent et pourtant, les délais de prise en charge restent beaucoup trop longs, 7 ans en moyenne pour avoir accès à un allergologue et un diagnostic de certitude. Un constat qui a conduit la Fédération française d'allergologie (FFAL) à s'interroger sur les besoins des patients, en particulier ceux souffrant d'allergies respiratoires sévères. Les fruits de la réflexion des acteurs de l'allergologie sont au cœur d'un livre blanc, qui fait dix propositions pour relever 3 défis prioritaires : structurer le parcours de soins des patients allergiques respiratoires sévères, garantir un égal accès aux soins pour l'ensemble de ces patients et stimuler la recherche et la publication d'études.

Une spécialité à part entière... et après ?

« La reconnaissance de l'allergologie comme une spécialité à part entière est une première étape importante, une nouvelle naissance », a souligné la Dr Isabelle Bossé, présidente du Syndicat français des allergologues. Mais il faut aller plus loin, « en inscrivant les allergies respiratoires sévères dans un plan politique national », a indiqué le Pr Pascal Demoly, président de la FFAL. « C'est ce qui a été fait il y a quelques années en Finlande, avec un réel succès puisque la politique volontariste menée entre 1994 et 2004 a permis de réduire de façon très nette les hospitalisations et les décès liés à l'asthme tout en générant d'importantes économies de santé ».

Les patients ayant une allergie respiratoire sévère doivent être pris en charge plus précocement, ce qui passe notamment par une amélioration du parcours de soins et la création de centres de référence dédiés à l'asthme et aux allergies sévères. « L'asthme n'est pas une maladie mais un syndrome, et le phénotype détermine la sévérité et les rémissions, a rappelé la Pr Jocelyne Just, présidente de la Société française d'allergologie. Notamment, l'asthme atopique à facteurs déclenchant multiples, phénotype rare et précoce (3 % des asthmes du nourrisson), doit bénéficier d'une meilleure prise en charge et de plus amples recherches ».

Plus d’allergologues et mieux formés

Pour améliorer le parcours de soins et assurer l'égalité d'accès aux soins, il faut bien sûr un nombre suffisant d'allergologues, ce qui n'est pas le cas actuellement. « L'âge moyen des spécialistes est de 57 ans et de nombreuses zones du territoire sont sans service d'allergologie, a pointé le Pr Demoly. Il faut aussi que les allergologues disposent de médicaments avec des taux de remboursement corrects ».

Le livre blanc propose d'inclure des modules d'allergologie dans la formation initiale des étudiants en médecine et dans la formation continue des professionnels de santé, et d'adapter le nombre de postes d'internes en allergologie aux besoins de santé publique. Trente postes d'internes seront ouverts pour le prochain semestre, « l'objectif est de 80 », a indiqué le Pr Demoly.

« Il faut enfin mieux quantifier et qualifier l'impact sanitaire et social des allergies respiratoires sévères, ce qui implique de mener des études au niveau national, car l'épidémiologie varie selon l'environnement et notamment les habitudes alimentaires », a souligné la Pr Just.

D'après les communications de la Dr Isabelle Bossé (La Rochelle), et des Prs Jocelyne Just (Paris), et Pascal Demoly (Montpellier). Symposium de la Fédération françaised'allergologie (FFAL)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : lequotidiendumedecin.fr