Troubles du comportement alimentaire

Un centre référent à Lyon pour mieux orienter les malades

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Publié le 09/03/2017
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ANOREXIE

ANOREXIE
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Le centre CREATyon, au sein des Hospices Civils de Lyon (HCL), a déjà accueilli près de 300 patients, dont une centaine d’adultes, depuis sa création en janvier 2016 sous l’impulsion et le financement de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes.

« Les études montrent une augmentation des TCA (troubles des conduites alimentaires), particulièrement chez les jeunes filles entre 16 et 25 ans - 1 % de cette tranche d'âge est concernée. On constate également l’abaissement de l’âge des patientes, dont les difficultés touchent de plus en plus de prépubères », souligne le Pr Pierre Fourneret, chef du service psychopathologie du développement et pédopsychiatre. Parmi les 300 patients 8 % sont des enfants. Les TCA ne touchent pas seulement les adolescentes et jeunes adultes, ils touchent aussi les hommes (1 homme pour 9 femmes) et certaines femmes après la ménopause. Si les explications de cette évolution ne sont pas univoques, le poids environnemental, social, culturel, ainsi que l’importance accordée à l’apparence demeurent les principales raisons des TCA.

Le centre CREATyon, qui émane du même appel d’offres de l’ARS qui a développé les centres de Saint-Étienne et Grenoble, vise à prendre en charge les patients, aussi bien sur le plan somatique que psychologique. Composé d’une équipe regroupant douze personnes, dont des infirmières, diététiciens, nutritionnistes, attaché de recherche clinique, psychologue, psychiatre, médecin endocrinologue et pédiatre. Pour l’heure le centre n’a pas d’hospitalisation, excepté pour les urgences, quand le pronostic vital est engagé. Un hôpital de jour permet le suivi tous les six mois des patients, mais le centre ne dispose pas encore de lits d’hospitalisation.

Diagnostic trop tardif

Le diagnostic des troubles des conduites alimentaires est souvent établi tardivement, faute d’information de la part des parents, de déni de la part du patient ou même de manque d’information de la part des généralistes. « La prise en charge du centre référent pour l’anorexie et les troubles du comportement alimentaire des HCL a pour vocation d’aider les patients mais aussi les médecins », précise le Pr Noël Peretti. Le bilan multidisciplinaire réalisé permet d'orienter le patient vers la prise en charge la mieux adaptée et « éviter toute errance », poursuit le Pr Peretti, qui intervient en nutrition pédiatrique. Outre les deux autres centres de Saint-Étienne et Grenoble, le CREATyon peut s’appuyer sur un réseau de collaborations avec des soignants et établissements privés et publics. Une base informatique commune renforce ainsi le suivi des patients. L’équipe reconnaît toutefois qu’il est plus difficile de trouver des professionnels pour la prise en charge dans l’Ain, et reste ouverte à des médecins qui s’intéresseraient à la pathologie, notamment pour la recherche psychiatrique, en lien avec la recherche et la formation des nutritionnistes. Le projet serait de constituer, à terme, une unité ad hoc pour la prise en charge de l’adolescent et de l’adulte. Afin d’intégrer la recherche à l’enseignement en la matière, un DIU ouvrira l’an prochain, portant sur l’approche intégrative des TCA.

Guillaume Bouvy

Source : Le Quotidien du médecin: 9562