CHAQUE ANNÉE, la même scène se déroule au mois de novembre. Dans une Assemblée nationale clairsemée, quelques députés débattent du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss). Parfois jusqu'au bout de la nuit. Parmi eux, un assidu ne rate pas une séance. Un passionné. Un médecin.
Jean-Luc Préel a très tôt eu deux vocations : la médecine et la politique. Le destin du carabin originaire de Caen se joue sans qu'il n'y prenne garde au milieu des années 1960. «Je me suis vite intéressé à la politique car, dans la famille, on pensait que c'était important dans la gestion de la vie», explique-t-il. Externe à Laennec, il participe à l'élection associative de sa faculté. «Les communistes gagnaient toujours à l'époque. Je figurais en dernière position d'une liste, mais on a fait une tellement bonne campagne qu'on a tous été élus.» Et voilà comment Jean-Luc Préel devient président de l'Association en médecine de Paris. Un ami de trente ans, qui l'a côtoyé sur les bancs de la faculté, se souvient «d'un homme droit, en qui on peut avoir entière confiance» mais qui pouvait être «forte tête».
Médecine et politique : quarante ans d'engagement.
En 1975, après avoir effectué l'internat et le clinicat dans la capitale, le jeune médecin est contacté par l'hôpital de La Roche-sur-Yon. «Il n'y avait aucun spécialiste dans le département il y a trente ans», se rappelle-t-il. Le directeur de cabinet de Raymond Barre, qui a des attaches en Vendée, l'invite à rejoindre sa liste pour battre le maire socialiste de l'époque. «Ma femme m'a supplié de ne pas accepter, mais j'y suis allé. J'ai fait du porte-à-porte à la Roche-sur-Yon. Je me suis présenté contre le maire au conseil général et je l'ai battu.» En 1988, il se présente aux législatives et devient député. Vingt ans plus tard, l'homme s'est définitivement implanté dans la région. Il est par ailleurs devenu secrétaire national santé de l'UDF. Toutes les six semaines, il participe à la réunion de travail du groupe santé du parti. Deux cents adhérents, professionnels de santé libéraux et hospitaliers, techniciens de la Sécurité sociale, associations de patients. «C'est comme ça qu'on a bâti le projet santé de l'UDF», se félicite le Vendéen.
Depuis ses débuts à l'UDF, le médecin a observé l'évolution de l'échiquier politique et la place qu'y occupe l'UDF. Le médecin dit avoir de l'admiration pour le Premier ministre Raymond Barre, «qui était prêt à se sacrifier pour l'intérêt général». Aujourd'hui, il se retrouve en François Bayrou et lui reconnaît bien des qualités : «C'est un humaniste, un littéraire qui écrit lui-même ses interventions. Un vrai perfectionniste qui a une bonne analyse de la situation du pays et des propositions adaptées.» C'est pour le candidat UDF que le secrétaire national santé du parti mouille sa chemise depuis plusieurs mois . «Je reçois des interlocuteurs, répond pendant deux ou trois heures par jour aux questions des syndicats et de la presse, et je multiplie les déplacements en province.» Des débats à Vichy, à Alençon, à Gap, à Bordeaux, à Vendôme, à Nice… Autant d'étapes d'un tour de France où le député détaille le programme santé de son candidat. «Certains pensent que l'on parle peu de la santé dans la campagne, mais, lors de chaque conférence, il y a du monde pour s'inquiéter de l'évolution de la démographie médicale, des urgences et de la permanence des soins ou du rôle des infirmières.» Lors de ces réunions, le député UDF évoque, comme il le fait sans relâche depuis vingt ans, la régionalisation du système de santé. «L'idée a fait son chemin, souligne l'intéressé. Depuis des années, je plaide pour la construction de maisons cantonales de santé et le concept est maintenant repris partout.» Pour le chef de service de l'hôpital de La Roche-sur-Yon, la base du système doit être un conseil régional de santé qui rassemblerait tous les acteurs, professionnels, établissements, malades, tous élus par collèges. «L'échelon régional est le plus approprié pour développer la prévention, adapter la formation aux besoins», assure-t-il.
Un fidèle parmi les fidèles.
Jean-Luc Préel fait maintenant partie de la dizaine de fidèles que François Bayrou réunit deux ou trois fois par semaine. Le « Monsieur Santé » de l'UDF voit-il son avenir avenue de Ségur si son favori vient à gagner la course à l'Elysée ? «C'est un poste qui m'intéresserait, avoue le député, mais seulement si c'est pour mettre en oeuvre le projet que l'on a porté. Ce serait un challenge difficile à relever, qui mérite de dépenser du temps et de l'énergie et d'avoir la confiance du président de la République.» Mais le député tempère aussitôt : «François Bayrou n'est pas élu, je n'ai rien demandé et il ne m'a rien promis.» Les médecins qui ont côtoyé Jean-Luc Préel louent «l'homme de dossiers et de terrain, à l'écoute des gens». Le Dr Gérald Kierzek, responsable des jeunes de l'UDF, travaille avec Jean-Luc Préel depuis trois ans. « C'est un homme d'expérience, un médecin qui a une vision sereine de la médecine, non partisane,commente l'urgentiste, qui fait partie de la commission santé de l'UDF. Il n'est ni ultralibéral ni ultrahospitalier et il a l'avantage de connaître beaucoup de monde dans les milieux syndicaux, des médecins, des paramédicaux. Et surtout de ne pas avoir une vision hospitalo-centrée parisienne.» Des observateurs plus sévères mettent en cause le manque de charisme de l'élu. Ils s'amusent des formules qu'il martèle inlassablement quand il dénonce par exemple un «Ondam pifométrique» ou appelle à «responsabiliser les acteurs du système de santé en amont ou en aval». Après avoir prêché pendant de longues années dans le désert, Jean-Luc Préel veut croire que le système va changer. Il est persuadé que le candidat qu'il soutient a toutes ses chances le 22 avril… et le 6 mai. «François Bayrou est le plus sérieux et le plus compétent, lâche-t-il tout de go. Il a un discours rassembleur et veut prendre les compétences à gauche et à droite. Il n'est ni démagogue ni agité et a un vrai projet.» Ces dernières semaines, plusieurs grands noms de l'UDF, à l'instar de Gilles de Robien et d'André Santini ou une ancienne grande figure du centrisme, Simone Veil, se sont rapprochés de Nicolas Sarkozy. Le député vendéen ne s'en inquiète pas outre mesure. «Ce n'est pas parce que des grands leaders quittent l'UDF que les électeurs vont les suivre», conclut-il, confiant.
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