Un développement psycho-affectif propre à chacun

Publié le 11/04/2013
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Troubles du sommeil, de l’alimentation, agitation, anxiété, régurgitations, les enfants nés par AMP utilisent les mêmes moyens que les autres pour exprimer ce qu’ils ne peuvent pas dire avec des mots. « Tout le problème est de déchiffrer ce que cela raconte », explique Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste à la maternité de l’hôpital Foch. Une étude menée il y a quelques années à l’hôpital Béclère a montré qu’au-delà du statut particulier d’enfant très attendu « surcouvé » dans les premiers temps, le devenir psycho-affectif des enfants nés par AMP rejoint celui des autres par la suite. « Dans ma pratique personnelle, ce sont des enfants comme tout le monde, chacun avec leur histoire propre ». Cette histoire est souvent très chargée en événements et en émotions, et il faut alors la remonter avec la parole des parents. « Certains peuvent parler beaucoup, d’autres font tabou. Le parcours de la stérilité a souvent été long et douloureux ».

La question des origines

« L’AMP pose la question de l’histoire des origines. D’autant plus quand il y a don de gamètes ou d’embryons. Or les tabous voire les secrets de famille ne sont pas sans effet à l’âge adulte et pour les générations futures ». L’histoire de l’enfant remonte à la gestation et la vie intra-utérine. « Une réduction embryonnaire n’est pas anodine. Les grossesses multiples sont plus fréquentes avec l’AMP et quand un jumeau n’a pas survécu, c’est un deuil que l’enfant porte. Cela s’exprime à travers les dessins ».

Pour la pédopsychiatre, le plus important est « de les élever dans la vérité et de les informer les enfants dès que l’occasion se présente, tout bébé. Avant de reprendre les choses plus sérieusement entre l’âge de 6 et 10 ans ». Faut-il le faire de façon imagée ? « Bien au contraire, il faut le faire dans le détail, expliquer la particularité de la chose, surtout s’il y a eu don de gamètes avec la question de la ressemblance ». Donner des explications n’est pas toujours facile pour les parents, qui se trouvent alors confrontés de nouveau à leur statut d’infertilité, alors qu’ils ont tendance à vouloir l’oublier. Comment s’y prendre alors ? « Nous sommes en train avec Catherine Dolto d’élaborer un support pour expliquer aux enfants. La parution est prévue dans le courant de l’année ». Quand faut-il consulter un professionnel ? « Dans deux situations : si l’enfant va mal ou si l’enfant va bien et que les parents ne se sentent pas d’attaque à le faire seuls ».


Source : Le Quotidien du Médecin: 9233