Dans la maladie de Parkinson

Un dispositif non invasif à l'étude contre le freezing

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Publié le 12/04/2018
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Jocelyne n'arrive pas à marcher. Atteinte de la maladie de Parkinson, son freezing (piétinement) l'empêche de se mouvoir. Raide comme un piquet, c'est son époux qui, se plaçant derrière elle l'aide à se déplacer en mettant ses pieds sous les siens… Tout change lorsque cette habitante d'Agde (Hérault) met WalkMe sur le crâne.

Relié à un boîtier accroché à sa ceinture, ce casque pareil à un serre-tête émet une discrète vibration sonore. L'effet est aussi étonnant qu'immédiat, Jocelyne marche sans difficulté et sans trembler. La voilà qui peut descendre des escaliers, monter des trottoirs. Marcher tout simplement.
Créé par deux anciens étudiants de l'IAE de Montpellier, le WalkMe ne se présente pas comme un remède miracle contre le freezing. « Nous utilisons une technologie dite de stimulation rythmique auditive (SRA) », explique Jordan Miron, cofondateur de l'entreprise. « La SRA se base sur notre faculté naturelle à synchroniser nos mouvements avec un rythme donné. L’émission d’indices sonores à intervalle régulier aide à retrouver une marche fluide », poursuit-il. « Notre solution permet à certaines personnes, notamment des patients atteints de Parkinson, d'améliorer leur marche. Pour autant, l'apport médical de WalkMe reste à prouver sur le plan scientifique. C'est la raison pour laquelle nous travaillons aujourd'hui avec des médecins », précise le jeune dirigeant.

Aide sonaore ou placebo ?

Parmi les blouses blanches approchées, le Dr Marc Ziegler, neurologue à la Fondation Adolphe de Rothschild, va entreprendre une étude auprès de patients souffrant de la maladie de Parkinson. « Pour certaines personnes, il semble que ce WalkMe améliore globalement la marche. C'est quand le patient se penche en avant que l'appareil déclenche un bip rythmé. Il semble que ce bip permet d'enclencher le premier pas », avance prudemment le médecin.
« Personnellement, je ne peux pas me passer du WalkMe. Tout le monde me dit que, depuis que le porte, je vais mieux. Et je le constate également », lance Danièle Galan, membre du Comité d'entente et de coordination des associations de parkinsoniens de l'Hérault. « C'est un appareil qu'il faut se donner la peine d'utiliser. Il ne faut pas tout attendre de lui mais aussi faire des efforts », explique-t-elle. Son neurologue, lui, est plus sceptique. « Il me dit que c'est un effet placebo mais que si je me sens mieux avec, je n'ai qu'à continuer à le mettre », explique cette patiente de 72 ans, qui souffre de blocages depuis quelques années.

Une étude auprès de 20 patients

WalkMe est-il d'une véritable aide médicale ou provoque-t-il un effet placebo ? C'est précisément à cette question que souhaite s'atteler le Dr Ziegler, d'autant que, la chose est connue, les patients atteints de freezing sont sensibles à des motivations extérieures. « Aujourd'hui, trois de mes patients l'utilisent. Pour l'un d'eux c'est bien ; pour l'autre c'est moyen ; et pour le dernier, la réponse est faible. Voilà pourquoi, je dois constituer une étude avec au moins 20 patients avec des échelles d'évaluation précises entre un groupe utilisateur et un groupe placebo », poursuit le médecin.
De son côté, Jordan Miron, dont l'invention a été primée dans de nombreux concours d'entreprises innovantes sur le plan régional (la société est basée à Montpellier) et national, souhaite procéder par étapes et tenter de faire reconnaître son appareil comme dispositif médical, tout en continuant son développement. À ce jour, WalkMe est un appareil dit de confort que Resilient Innovation commercialise en vente directe uniquement au prix de 1 290 euros.

De notre correspondant Guillaume Mollaret

Source : Le Quotidien du médecin: 9656