Traitement de l’ostéoporose

Un impact bénéfique sur le cancer du sein RE+

Publié le 08/02/2017
Cancers du sein

Cancers du sein
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Le pronostic du cancer du sein dépend des caractéristiques propres à la tumeur (taille, envahissement ganglionnaire) et du terrain (âge, activité physique). L’objectif de cette étude était d’analyser, avec un recul clinique de 10 ans, l’influence des paramètres osseux et des prescriptions de bisphosphonates (BP) et de vitamine D sur le devenir du cancer du sein. Il s’agit d’une étude longitudinale, prospective, portant sur 450 femmes ménopausées souffrant d’un cancer du sein exprimant les récepteurs aux œstrogènes (RE +), initialement localisé, traité par inhibiteurs de l’aromatase.

À l’initiation de l’hormonothérapie, ces femmes, dont l’âge moyen était de 60,7 ± 10 ans, ont eu une évaluation osseuse : 30,7 % avaient un antécédent de fracture, 16,9 % avaient un T-score lombaire ou fémoral ≤ -2,5 et 64,2 % avaient une concentration en 25 (OH) vitamine D < 50 nmol/l. À l’issue de cette évaluation 159 femmes (35,3 %) ont été traitées par BP par voie orale hebdomadaire, pour une durée moyenne de 4,9 années, associé à une supplémentation en vitamine D si nécessaire et à des conseils hygiénodiététiques. Le suivi moyen des 450 patientes a été de 10,2 ± 3,0 ans, au cours duquel 79 décès (dont 41 décès par cancer du sein), 75 rechutes, locorégionales (n = 24) ou métastatiques (n = 51) ont été recensés.

Dans les tumeurs les plus graves aussi

Aucune différence, en termes de rechute ou de décès par cancer du sein, entre les patientes ostéoporotiques ou non (T-score ≤ ou > -2,5), fracturées ou non n’a été observée. Le risque de rechute ou de décès n’était corrélé ni à la présence de fracture, ni à la densité osseuse lombaire ou fémorale, ni au CTX sérique. L’analyse multivariée (modèle de Cox) montrait que la taille de la tumeur (HR = 1,33, p = 0,001) et le nombre de ganglions envahis (HR = 1,06, p = 0,036) étaient significativement associés au risque de rechute du cancer. En revanche, la prescription de BP était indépendamment associée à une forte diminution du risque de rechute dans l’ensemble de la cohorte (HR = 0,52, p = 0,038) mais aussi chez les patientes avec les tumeurs les plus graves qui avaient nécessité une chimiothérapie (HR = 0,33, p = 0,021), qui étaient associées à un envahissement ganglionnaire (HR = 0,41, p = 0,041) ou dont la taille était ≥ 2 cm (HR = 0,40, p = 0,045). L’âge au diagnostic et la carence en vitamine D étaient significativement associés à une augmentation du risque de décès global, alors que la prescription de BP était associée à une diminution du risque de décès global (HR = 0,51, p = 0,024). Aucun effet secondaire grave (insuffisance rénale aiguë ou ostéonécrose de la mâchoire) n’a été observé chez les patientes traitées par BP.

Cette étude longitudinale et prospective montre que la prise en charge de l’ostéoporose, avec notamment une prescription de BP pendant 5 ans, est associée à une réduction de 50 % du risque de rechute et de décès à 10 ans chez les femmes ménopausées, ostéoporotiques, traitées par inhibiteur de l’aromatase pour un cancer du sein RE+ .

CHU d’Angers  (communication à la SFR 2016)

Pr Béatrice Bouvard

Source : lequotidiendumedecin.fr