Le syndicat MG-France a révélé l’affaire cette semaine. Vendredi dernier vers 21 heures, alors qu’il regagnait sa voiture après sa journée de consultation, le Dr Alain Studer, médecin généraliste à Saint-Loup-sur-Semouse (Haute Saône), président de MG 70 et de RegulG (Fédération des régulations généralistes), a été violemment agressé par deux hommes cagoulés en quête d’argent liquide. Menaces de mort, coups répétés au visage… : le Dr Studer « très choqué » à dû interrompre son activité professionnelle pendant une semaine.
Généraliste dans le même groupe médical (qui compte quatre médecins), le Dr Pascal Audouard, 50 ans, témoigne. « L’émotion est d’autant plus forte que c’est la première fois qu’un acte aussi violent arrive dans notre coin semi-rural, une bourgade de 4 000 habitants ! Ce sont des petites frappes qui imaginent trouver du liquide alors qu’on a surtout des chèques sans compter les patients en CMU, les ALD… Ce qui réconforte, c’est la mobilisation immédiate de tous les collègues, médecins, kinés, infirmières, pharmaciens qui ont spontanément envisagé une action santé morte en guise de solidarité ».
Quelle leçon tirer ? « Si on doit prévenir les gendarmes à chaque fois qu’on sort, on n’a pas fini, c’est de la folie, déclare le Dr Audouard désabusé. La solution, ce sont des maisons de garde dans des quartiers bien éclairés… mais c’est sûr que ce genre d’épisode ne risque pas d’attirer ici les jeunes médecins ».
« Traquenard ».
Le Dr Martial Olivier-Koehret, président de MG-France, « voisin » (il exerce à Luxeuil-les-Bains dans le même département) et ami de la victime, dénonce une agression inadmissible et un « traquenard » révélateur d’un certain climat d’insécurité caractéristique, selon lui, de l’exercice de la médecine générale. Les médecins généralistes, déclare-t-il, constituent « une cible potentielle privilégiée » en raison de leur métier de contact et de proximité et de leur disponibilité au quotidien. « Les généralistes sont de plus en plus mal considérés, ils ouvrent leur porte directement sur la rue, ils finissent tard le soir, les gens s’imaginent toujours qu’il y a de l’argent, tous ces éléments font qu’ils sont beaucoup plus exposés que d’autres… ». Ce n’est pas un hasard si l’enquête de l’Ordre révèle que les médecins généralistes sont à l’origine de 62 % des fiches de déclaration d’incident (alors qu’ils représentent seulement la moitié des médecins). Pour le Dr Olivier-Koehret, cette situation connue appelle des mesures fortes immédiates pour améliorer la sécurité des médecins généralistes : régulation libérale systématique pour la permanence des soins, incitations massives à l’exercice regroupé, maisons de santé pluridisciplinaires ou encore amélioration de la réparation en cas d’accidents du travail. « Révolté » par les attaques physiques et verbales contre les professionnels de santé, le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, estime pour sa part que les médecins mériteraient d’être une profession « plus protégée que d’autres ». « Il faut améliorer leur sécurité notamment dans les quartiers où plus personne ne veut aller ».
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