« Pourquoi cette idée simple est-elle si compliquée à mettre en place ? »
En réunissant, à Strasbourg, un panel de médecins, de pharmaciens, d'industriels et de responsables de l'assurance-maladie, le Club Prospective Santé Economie, animé par le Pr Louis-François Hollender, président de l'Académie nationale de médecine, a dialogué avec le public sur le développement des génériques et les résistances qu'ils suscitent encore.
Le seuil des 10 % de boîtes vendues sous forme de générique a été atteint en décembre et la moitié des médicaments du répertoire de l'AFSSAPS est désormais délivrée sous cette forme. Mais le générique « passe mieux » auprès des patients jeunes atteints de maladies aiguës que chez les malades chroniques ou âgés.
Certains généralistes constatent que leurs patients ont parfois tendance à prendre à la fois les spécialités qu'ils détiennent encore et les génériques qui leur sont prescrits ensuite. La prescription de génériques de même forme et de même couleur que la spécialité peut atténuer les confusions, comme le montre le logiciel de prescriptions en DC expérimenté dans la Marne.
Au-delà de l'économie, les génériques sont-ils les « clones vertueux » vantés par leurs promoteurs ? Pour le pharmacologue Jean-Louis Imbs, les inspections menées en France par l'AFSSAPS, bien plus sévères que dans les pays voisins, garantissent la qualité de ces médicaments, et sanctionnent les laboratoires qui ne respectent pas scrupuleusement toutes les règles de fabrication et de sûreté.
Mais une meilleure information du public permettrait, selon lui, de dissiper toutes les craintes. Le président du Syndicat des pharmaciens du Bas-Rhin, Philippe Liebermann, rappelle que le vrai problème est désormais celui des contrefaçons de spécialités originales : en Italie, 6 % des médicaments seraient déjà des contrefaçons, et le phénomène risque de s'aggraver avec l'entrée de nouveaux pays dans l'Union européenne.
Si tous les intervenants reconnaissent le potentiel d'avenir des génériques, ceux-ci peuvent-ils porter atteinte à la recherche de médicaments innovants, en réduisant les ressources affectées à leur mise au point ? La majorité des médicaments français est déjà ancienne, et le développement de nouvelles spécialités requiert des investissements immenses. Mais, pour le directeur général de Biogaran, Pascal Brière, le problème est plus lié à la fixation des prix des spécialités sous brevet qu'aux génériques, lesquels sont susceptibles d'aiguillonner la recherche en poussant les industriels « à s'échapper vers le haut ».
Le public exprime des opinions variées : un participant regrettait de se sentir « pris en otage » par les génériques, un autre s'inquiétait du respect de son libre choix, un troisième s'interrogeait sur l'opportunité des campagnes de communication. Pourtant, rappelaient plusieurs intervenants, c'est en réduisant les dépenses pharmaceutiques que l'on pourra financer les produits de nouvelle génération, bien plus onéreux que les médicaments actuels.
Un message qui passe mieux auprès des patients les plus jeunes
Publié le 07/04/2003
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De notre correspondant Denis DURAND de BOUSINGEN
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7311
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