Coup d’envoi du salariat en médecine thermale

Un nouveau mode d’exercice pour attirer les praticiens en station

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Publié le 11/01/2018
medecin thermal

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Crédit photo : PHANIE

« On est confronté au niveau des stations thermales à une baisse de nombre de médecins qui va en s’aggravant. Actuellement la moyenne d’âge des médecins thermaux est de 59 ans, avec très peu de renouvellements », décrit le Dr Hugues Desfour, président du Syndicat national des médecins thermaux (SNMTh).

Parmi les 800 praticiens exerçant la médecine thermale à titre principal voire exclusif, plus de 200 devraient prendre leur retraite à l’horizon 2020. Aujourd’hui, ce déficit de médecins impacte le secteur du thermalisme dans un contexte de croissance récurrente de la fréquentation des établissements. Installé à Balaruc-les-Bains, le Dr Desfour le constate au quotidien. « La population de curistes a augmenté de manière très importante avec le nouvel établissement où l’on est passé de 40 000 à 53 000 curistes sur la saison. Or, auparavant on était vingt-six médecins tandis que désormais on n’est déjà plus qu’une vingtaine. Et sur la vingtaine, beaucoup sont déjà à la retraite et continuent à travailler, car ils ne trouvent pas de remplaçants », témoigne-t-il. « Il y a des stations où il n’y a presque plus de médecins et dans les stations où il y en a encore, la qualité de nos prestations s’en ressent lorsqu’on est soumis à un nombre croissant de curistes », souligne le Dr Desfour.

Attirer la relève

Pour améliorer l’attractivité de la médecine thermale et attirer la relève dans des territoires généralement enclavés, un nouveau mode d’exercice salarié va bientôt le jour. Prévu à l’article 84 de la LFSS 2017, il doit permettre aux établissements thermaux de recruter (un peu) plus facilement des praticiens. Un contrat type est en cours de finalisation à l’Ordre des médecins. « Le salariat au départ, on n’y était pas du tout favorable au niveau du syndicat. Mais on a bien réfléchi et l’on s’est dit qu’il fallait mettre toutes les chances de notre côté pour éviter que certaines stations soient fermées », confie le président du SNMTh. « Ce type de contrat pourra être exercé à temps plein ou à temps partiel, sous la forme d’un cdi, cdii ou d’un contrat saisonnier. Il pourra être exercé à titre exclusif, mais si un médecin le souhaite, ce dernier pourra conserver ailleurs une activité libérale, notamment de médecin généraliste dans des zones qui sont souvent sous denses autour des stations thermales », indique Claude-Eugène Bouvier, délégué général du Conseil national des établissements thermaux (CNETh).

Indépendance préservée

Au niveau déontologique, ce nouveau contrat préserve une certaine liberté d’exercice du médecin vis-à-vis de l’établissement thermal qui l’emploie. « L’exploitant thermal garantira l’indépendance de la prescription du médecin et la rémunération de celui-ci ne sera aucunement liée à sa productivité », assure Claude-Eugène Bouvier. « Ce contrat ne constitue évidemment pas une solution définitive au problème du manque d’attractivité de la médecine thermale. Et l’on ne va pas remplacer tous les médecins libéraux par des médecins salariés. C’est l’une des solutions qui peut apporter un peu d’oxygène dans certaines stations et attirer notamment davantage de jeunes confrères », résume le Dr Desfour. « Ce type de contrat pourrait éventuellement générer des problèmes de cohabitation entre médecins salariés et non-salariés au sein d’une même station, mais on espère qu’il n’y aura pas de conflit à ce niveau », conclut-il.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9630