Psoriasis en plaque sévère

Un nouvel anticorps disponible

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Publié le 21/02/2019
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Psoriasis

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Crédit photo : PHANIE

Kyntheum® (brodalumab), un anticorps monoclonal commercialisé par le laboratoire LEO Pharma, est désormais disponible en France pour le traitement de patients ayant un psoriasis en plaques chronique sévère, défini par un échec (réponse insuffisante, contre-indication, intolérance) à au moins deux traitements parmi les traitements systémiques non biologiques et la photothérapie, et une forme étendue et/ou avec un retentissement psychosocial important.

Ce nouvel anticorps bloque l'activité pro-inflammatoire de trois cytokines impliquées dans la physiopathologie du psoriasis (IL-17A, C et E) en se fixant avec une haute affinité sur une chaîne commune aux récepteurs de ces interleukines.

Pour évaluer l’efficacité du brodalumab, trois études cliniques de phase III comparatives, randomisées et en double aveugle ont été menées (AMAGINE 1, 2 et 3), incluant au total 4 373 patients adultes atteints de psoriasis modéré à sévère. La disparition complète des lésions a notamment été mesurée (réponse PASI 100), là où les traitements actuellement disponibles n’ont mesuré que les réponses PASI 75 et PASI 90 (respectivement, disparition de 75 et 90 % des signes présents avant le début du traitement).

Réponse rapide

Les essais AMAGINE 2 et 3, ont comparé l'efficacité du brodalumab (doses 140 ou 210 mg) versus ustekinumab (STELARA®), « le biologique le plus utilisé dans la population mondiale lorsque l'étude a été construite », indique le Pr Denis Jullien, chef du service de dermatologie de l'hôpital Edouard Herriot à Lyon. Elles comportaient une phase d’induction de 12 semaines (1 dose/2 semaines), une phase d’entretien de 52 semaines et une phase d’extension à long terme de 266 semaines, soit environ 5 ans (1 dose toutes les 2,4 ou 8 semaines).

À 12 semaines, les résultats PASI 75 étaient de 86 % pour brodalumab vs 8 % pour ustékinumab dans AMAGINE 2, et de 85 % vs 6 % dans AMAGINE 3 (p<0,001). «Pour un patient qui a une maladie de peau qui peut l'empêcher d'avoir une vie normale ou d'aller travailler, le bénéfice à 6 mois ou à 1 an est certes important, mais la cinétique d'action du médicament l'est encore plus », souligne le Pr Jullien.

Toujours à 12 semaines, le pourcentage de répondeurs PASI 100 était de 44 % vs 22 % dans AMAGINE 2, et de 37 % vs 19 % dans AMAGINE 3 (p<0,001). À 52 semaines, 56 % des patients sous brodalumab dans AMAGINE 2 et 53 % dans AMAGINE 3 obtenaient un PASI 100. « Alors qu'il y a 10 à 15 ans, les biologiques dont on disposait commençaient à être actifs à 1 an, nous avons désormais de molécules qui peuvent blanchir en 12 semaines 40 % des patients », se félicite le dermatologue.

Flexibilité d’utilisation

L'étude AMAGINE-1, elle, s'est intéressée à la recapture de la maladie en évaluant l’efficacité du brodalumab (1 dose de 140 ou 210 mg/ 2 semaines) vs placebo. « En termes de réponse PASI, on retrouve la même chose sur les co-critères d'évaluation que pour AMAGINE 2 et 3 », indique le Pr Jullien. Après arrêt du traitement, à 12 semaines, 94 % des patients avaient rechuté (délai médian de rechute : 56 jours). À la reprise du traitement, « le délai médian pour retrouver le niveau d'efficacité initial selon qu'il ait été de 90 ou de 100, était de 5 semaines », souligne le spécialiste. Selon lui, le brodalumab donne une flexibilité au patient : « si le malade doit interrompre son traitement, de façon programmée ou non, il a la garantie que sa reprise ultérieure lui permettra de retrouver la réponse PASI qu'il avait auparavant. »

En termes de tolérance, le brodalumab est comparable à l'ustekinumab « et il n'y a pas de signal particulier par rapport à ce qui est observé avec les autres anti-IL17 », précise le Pr Jullien. Enfin, si le médicament est notamment contre-indiqué en cas de maladie de Crohn active, « la société française de dermatologie recommande, en cas d'antécédent de maladie de Crohn même non active, de ne pas utiliser cette classe de médicament s'il existe des alternatives », conclut le médecin.

 

D'après une conférence de presse du laboratoire LEO Pharma

Stéphany Mocquery

Source : Le Quotidien du médecin: 9726