Pratique de l’IVG médicamenteuse en ville

Un réseau à Marseille

Publié le 12/05/2011
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C’EST AU PRINTEMPS 2009, à l’initiative de médecins libéraux pratiquant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en ville et en milieu hospitalier, qu’a vu le jour l’association Interruption Volontaire de Grossesse En Ville (IVGEV 13) à Marseille. Cette association a pour objectif de rapprocher les acteurs de ville et l’hôpital dans le but de faciliter l’accès aux femmes qui le souhaitent, dans le respect de la loi et des indications médicales, à une interruption volontaire de grossesse médicamenteuse hors établissement de santé. « Nous avons décidé de créer ce réseau en nous inspirant du réseau REVHO (Réseau entre la ville et l’hôpital pour l’orthogénie) mis en place en 2004 en Ile-de-France », indique le Dr Lapierre.

Financement conjoint.

Financé conjointement par l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) et l’Union régionale de la caisse d’assurance-maladie (Urcam) d’Ile-de-France, REVHO a été le premier réseau intervenant en France dans le domaine de l’IVG médicamenteuse. Il a été mis en place pour mettre en œuvre la réglementation autorisant cette pratique. Pour mémoire, on peut rappeler que c’est la loi du 4 juillet 2001, complété par un décret et un arrêté de juillet 2004, puis une circulaire du 26 novembre 2004, qui a permis la pratique des avortements par des médecins de ville. « La loi stipule que le médecin, effectuant des IVG médicamenteuses, justifie d’une expérience professionnelle adaptée, soit par une qualification universitaire en gynécologie, soit par une pratique régulière des IVG médicamenteuses dans un établissement de santé, ces interruptions de grossesse ne peuvent être réalisées que dans le cadre d’une convention conclue entre le médecin et un établissement de santé », explique le Dr Lapierre.

De par la convention, l’établissement de santé est tenu d’assurer la formation des médecins, l’accueil des patientes présentant des complications (rares, mais toujours possibles), ainsi que la gestion des fiches patientes, bilan d’activité et déclaration administrative. Rien n’étant prévu pour ces nouvelles taches, leur réalisation, plus ou moins aléatoire selon le service, était souvent liée au bon vouloir et à la disponibilité du personnel. Devant ces difficultés, sur les conseils du médecin inspecteur de la DDASS trois médecins généralistes libéraux attachés dans le service de gynécologie sociale du Pr Aubert Agostini à l’hôpital de la Conception (Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille) ont déposé les statuts de l’association et monté des dossiers de demande de financement auprès du Fond d’Intervention pour la Qualité et la Coordination des Soins (FIQCS) et de l’Union Régionale des Médecins Libéraux (URML) : le Dr Riad Mimari (président d’IVGEV 13), le Dr Jean-Paul Lapierre (secrétaire) et le Dr Pascale Roblin (trésorière).

Collaboration étroite et coordonnée.

Aujourd’hui, ce réseau IVGEV 13 permet une collaboration étroite et parfaitement coordonnée entre les médecins de ville et les services hospitaliers membres du réseau.

Grâce aux financements obtenus (FIQCS, URML), le réseau peut employer une secrétaire pour réaliser le travail administratif. Il a aussi pu s’équiper en matériel informatique. « Nous avons notamment fait l’acquisition d’un logiciel mis à la disposition des médecins et des établissements de santé permettant de faciliter la gestion des dossiers et la transmission par messagerie sécurisée des données à l’établissement de santé et au réseau », indique le Dr Lapierre.

Le réseau IVGEV 13 inclut plusieurs hôpitaux de la région : l’hôpital de la Conception et l’hôpital Nord à Marseille ainsi que l’hôpital de La Ciotat. « Nous avons le projet d’étendre cette collaboration à d’autres établissements dans le département et secondairement sur la région », souligne le Dr Lapierre. Le premier objectif du réseau est de diffuser dans les meilleures conditions la méthode médicamenteuse en ville pour améliorer et faciliter la prise en charge des femmes. Il s’agit pour cela de recruter de nouveaux praticiens de ville en leur offrant une formation sur la délivrance de l’IVG médicamenteuse, de signer de nouvelles conventions, tout en évaluant et en améliorant les pratiques médicales.

Les praticiens marseillais auront l’occasion de faire part de leur expérience lors de la 2e Journée nationale des réseaux spécialisés sur l’IVG médicamenteuse qui se tiendra le 18 juin à Paris. Parmi les autres réseaux existant aujourd’hui dans ce domaine, on peut citer celui créé en 2008 à Toulouse, le REIV 31.

D’après un entretien avec le Dr Jean-Paul Lapierre, secrétaire du réseau IVGEV 13, médecin généraliste, attaché dans le service de gynécologie sociale de l’hôpital de la Conception à Marseille.

 ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes