C’est l’un des chefs d’œuvre du répertoire, une pièce-monde qui traque les mystères du pouvoir, de la filiation, de la transmission, de la folie. Et Thomas Ostermeier qui rêve depuis l’adolescence de monter Le Roi Lear, le transforme en une scène familiale déchirée par les rivalités, l’ambition. Tendance lourde du théâtre européen, le tragique, l’insaisissable, la métaphysique sont évacués au profit d’un politiquement correct désormais adopté par le transgressif metteur en scène allemand, à l’origine pourtant de très grands spectacles. Sa Nuit des Rois, à la Comédie-Française, avait été une belle réussite. Mais aujourd’hui, cinq ans après la vague me-too que faire aujourd’hui, paraît s’interroger Thomas Ostermeier, de deux jeunes femmes assoiffées de pouvoir qui dépouillent leur père qui leur a donné son royaume après avoir déshérité Cordelia, jusqu’à la dernière livre-sterling et l’abandonne dans la folie ? Même Denis Podalydès dans le rôle-titre apparaît empêché, contraint par l’impossibilité de toute envolée. Etait-il enfin indispensable pour donner à la jeunesse une incarnation positive de changer l’identité sexuelle du fidèle Kent, en dépit du talent de Séphora Pondi ? Bref, le si brillant metteur en scène apparaît ici enfermé par les stéréotypes, les clichés d’aujourd’hui, lui qui les dénonce généralement avec talent dans ses mises en scène précédentes. Où est la lecture à la hauteur de la pièce de Shakespeare ? Bien sûr, le spectacle nous réserve de beaux moments grâce à Christophe Montenez qui interprète avec bonheur le rôle d’Edmond, un fils maudit, un bâtard. Mais l’ennui, un comble ! guette le spectateur. Le Roi Lear est donné pour la première fois à la Comédie-Française. Cette si longue attente n’aura pas été comblée.
Le Roi Lear, de William Shakespeare, mise en scène de Thomas Ostermeier ; traduction d’Olivier Cadot. Comédie-Française. En alternance, jusqu’au 26 février 2023.
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