L'Ordre des médecins a réclamé dans un récent livre blanc la création d'un portfolio propre à chaque praticien. Celui-ci serait ouvert dès la 2e année d'étude, complété jusqu'au DES, puis mis à jour et valable tout au long de la vie professionnelle. Cet outil numérique comprendrait les résultats aux examens, les stages, expériences et acquisitions de compétences (théoriques et pratiques).
Il reste un peu de chemin avant que tous les médecins disposent d'un dispositif d'évaluation aussi complet, comme l'a montré le Dr Matthieu Ariza, généraliste en Picardie, dans la thèse qu'il vient de soutenir. Intrigué par cet outil dont il a entendu parler lors d'un congrès par le Pr Laurence Compagnon, généraliste enseignante à Paris-Est Créteil, l'interne a mené une étude comparative des portfolios mis en œuvre par les départements de médecine générale (DMG).
Il a sondé par téléphone ou mail les 35 DMG et examiné les réponses des généralistes enseignants. Les premiers résultats montrent que 29 DMG ont déjà intégré l'outil du portfolio dans le cursus des internes de médecine générale. Tous ne sont pas logés à la même enseigne selon l'analyse du médecin. « Le contenu, le support et le mode d'évaluation varient fortement d'un département à un autre, explique-t-il. Cette hétérogénéité rend inégale la formation des internes. »
Le portfolio obligatoire en 2017
Plusieurs DMG utilisent des critères proches. 24 départements disposent d'un portfolio certifiant et informatisé, comprenant un document didactique à destination des étudiants, un contenu minimum exigé, un tutorat individuel… Le Dr Ariza a tout de même constaté des divergences d'organisation du portfolio. Certains sont classés par ordre chronologique, d’autres par chapitres de compétences (soins d'urgences, soins de premiers recours, gestion du cabinet etc.) ou selon des rubriques plus générales (travaux de stage, élément de formation, tutorat, compétences et évaluation etc.).
« Une harmonisation du portfolio devrait être envisagée », affirme le Dr Ariza. Le médecin observe que la validation du portfolio ne repose pas sur un barème ou des grilles uniques. « Le processus d'évaluation est fondamental, il est censé refléter le niveau de compétences de l'interne », indique le Dr Ariza. Il serait judicieux d'inclure un système quantitatif indiquant le nombre de récits de situation complexe authentique (RSCA) et qualitatif basé sur la réflexion et l'introspection de l'interne.
Le Dr Ariza, qui a soutenu sa thèse début mars, a obtenu les félicitations du jury pour son travail. Installé dans un cabinet pluridisciplinaire de Montataire, il a entrepris une tournée des DMG afin de les motiver à travailler ensemble et établir un portfolio commun.
Le portfolio est pour l'heure facultatif mais la réforme du 3e cycle, programmée à la rentrée universitaire de 2017, est en passe de le rendre obligatoire.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature