« Ces dernières années, de très gros progrès ont été réalisés dans notre discipline au niveau de la gestion des risques. Les anesthésistes-réanimateurs ont compris qu’il fallait, pour progresser, créer des interfaces avec le monde de la chirurgie. Ces progrès sont aussi liés, pour une bonne partie à la très grande implication de la Société française d’anesthésie réanimation et du Collège français des anesthésistes-réanimateurs », explique le Pr Vincent Piriou.
Selon ce dernier, plusieurs facteurs ont joué un rôle décisif dans l’évolution des pratiques ces dernières années. « Un premier élément a été la mise en place de sa check-list par la Haute Autorité de santé (HAS) », indique le Pr Piriou. Au départ, c’est l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) qui a eu l’idée d’instaurer un programme Safe Surgery Saves lives (La chirurgie sûre sauve des vies) visant à réduire les taux de complications et de décès postopératoires. L’objectif de ce programme était de renforcer, via une ckeck-list, l’implication des équipes en s’appuyant sur des recommandations de bonnes pratiques afin d’améliorer la sécurité du patient en chirurgie.
Intéressée par cette approche, la HAS a décidé de promouvoir en 2010 une check-list type OMS, adaptée au contexte français. Avec deux objectifs : améliorer la sécurité chirurgicale et anesthésique au bloc opératoire en intégrant la vérification croisée de différents points critiques de sécurité ; renforcer et améliorer la communication et le partage des informations au sein des équipes travaillant au bloc opératoire.
« Je ne sais pas si cette check-list est aujourd’hui faite de manière optimale dans tous les établissements de santé. Mais plus aucun anesthésiste-réanimateur ne peut ignorer son existence. Il est important qu’elle ne soit pas perçue comme une énième obligation car c’est vraiment un outil d’amélioration des pratiques permettant de créer des interfaces avec le monde de la chirurgie. Il est clair que l’anesthésie-réanimation a ses risques propres mais on ne peut pas agir au niveau de la gestion des risques sans un dialogue avec nos collègues chirurgiens. Pour que cela réussisse, il faut aussi que la réalisation de la check-list soit portée par un leadership anesthésique et chirurgical », souligne le Pr Piriou.
La mise en place de l’accréditation a été aussi un élément important. « C’est un processus qui permet de recenser tous les événements porteurs de risques (EPR) qui sont compilés dans une base commune. L’accréditation a aussi permis des avancées dans les problèmes d’erreurs médicamenteuses et dans les difficultés d’accès aux voies aériennes supérieures. C’est un outil intéressant car les anesthésistes-réanimateurs, engagés dans une démarche d’accréditation, peuvent dialoguer avec des experts et réfléchir sur leurs pratiques », indique le Pr Piriou, en regrettant que cette accréditation concerne surtout pour l’instant les anesthésistes-réanimateurs libéraux. « Pour eux, c’est un moyen de réduire leurs primes d’assurance en responsabilité civile. Ce point ne concerne pas les hospitaliers qui, de ce fait, s’engagent encore assez peu dans l’accréditation. C’est dommage car c’est un outil vraiment utile qui permet en outre de valider son DPC ».
Enfin, le Pr Piriou insiste sur l’importance des revues de morbimortalité (RMM). « La plupart des anesthésistes-réanimateurs participent aujourd’hui à une RMM qui est également un excellent outil de gestion des risques ».
D’après un entretien avec Pr Vincent Piriou, CHU Lyon-Sud, bientôt membre du comité Analyse et maîtrise des risques de la SFAR
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