La neurologie est une discipline jeune et déjà en mutation. Celle-ci est favorisée par les changements démographiques liés à l’allongement de l’espérance de vie, expliquant l’augmentation de l’incidence des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des troubles cognitifs. Au moins une de ces deux pathologies - rares en 1960 quand l’espérance de vie n’atteignait pas 70 ans- touchera 1 personne sur 3 parmi nous. Cette augmentation d’incidence est aussi la conséquence paradoxale de la baisse de mortalité par infarctus du myocarde - dont les survivants sont à risque d’AVC et de maladie d’Alzheimer -, ou cancer - pour les métastases, et les neuropathies toxiques.
Cette mutation est aussi liée aux possibilités thérapeutiques actuelles. Elles nécessitent des diagnostics pertinents et précoces, ne laissant pas de place à l’erreur si les traitements sont dangereux ou coûteux. C’est le cas pour la sclérose en plaques, et pour des pathologies pourtant réputées incurables comme la sclérose latérale amyotrophique. Certains patients qui, dans le passé, étaient vus une seule fois en milieu neurologique pour un diagnostic, doivent maintenant être suivis pour évaluer les effets des traitements.
Cette mutation est enfin imposée par le retentissement social et sociétal majeur des affections neurologiques qui coûtent 800 milliards d’Euros par an en Europe. Le coût des maladies neurologiques dépasse largement celui des autres pathologies du fait du handicap cognitif et physique qu’elles induisent. En raison du grand nombre de personnes concernées, les affections neurologiques ont bénéficié ces dernières années de quatre plans nationaux (plan ministériel SLA, plan présidentiel Alzheimer, plan ministériel AVC, plan Parkinson) et sont impliquées dans deux autres plans (plan douleur, plan maladies rares) qu’elles partagent avec d’autres spécialités. Dans cette période de limitation des dépenses de santé, la neurologie occupe donc une place toute particulière, et ce d’autant qu’elle est devenue une discipline disposant de traitements efficaces, parfois dans le cadre de l’urgence. Certains de ces traitements ne peuvent être prescrits ou initiés que par des neurologues car ils sont potentiellement dangereux ou onéreux.
Cette mutation n’en n’est qu’à son début comme le montre bien ce numéro spécial réalisé sous la direction de Jean-Marc Léger.
Vice-président de la Société Française de Neurologie
Secrétaire général de l’European Academy of Neurology
CHU de Lille
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