Vin et santé : un médecin voit rouge contre les « prohibitionnistes »

Par
Publié le 14/09/2019
Chirurgien digestif et ancien rédacteur au Généraliste, le Dr Marc Lagrange, défend les bénéfices sur la santé du vin à doses modérées. Le dernier ouvrage qu'il coordonne, « Vin et santé : qu’en pensent les médecins ? », est un pied de nez à ceux qu'il nomme les « prohibitionnistes ».
Vignoble

Vignoble
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Votre 15e livre porte sur un sujet sensible, à l’heure où le zéro alcool a le vent en poupe…

Dr Marc Lagrange. Cet ouvrage s’élève contre les « buzyneries ». En affirmant à tort qu’un verre de vin par jour est mauvais pour la santé, on porte préjudice à un aspect fondamental de la culture française : notre vitiviniculture – 600 000 emplois. Autant interdire le ballon sur le terrain de foot ! Heureusement, nombre de praticiens font fi de ces injonctions. Ils savent qu’en France, jamais on n’arrêtera le vin.

Avec ce livre ne craignez-vous pas de faire le jeu des lobbies du vin ?

Dr M.L. Absolument pas. À l’heure de ces velléités prohibitionnistes, il faut restituer au vin le statut qu’il mérite. Et par là même, l’esprit français. Si lors d’un dîner, deux tables me sont proposées, avec d’un côté Jean-Marc Ayrault en mode Badoit et carottes râpées, et de l’autre Dominique Strauss-Kahn, avec des crus affinés et des mets rabelaisiens, je sais laquelle choisir. Celle où on rigole, se fait plaisir et dit des bêtises. Cette boisson a en effet un côté enjoué, euphorisant, donc social, que l’on perdrait beaucoup à éliminer de notre culture.

Comment faites-vous la jonction entre valorisation d’une boisson alcoolisée et discours médical ?

Dr M.L. Ce livre se destine à la filière viti-vinicole et au grand public, explorant un vaste panel d’aspects médicaux : neurologie, femme, enfant, cœur, système digestif, diabète, cancer, addictologie, psychanalyse, etc. Rien ne devant être affirmé sans preuve, ma préoccupation première a été de m'entourer d'experts reconnus dans leur domaine, ayant un pied dans la culture du vin et l'envie d’écrire. Chaque chapitre met en garde contre l’excès. Nous reprenons à notre compte les toutes dernières conclusions scientifiques : deux verres de vin rouge (à cause des effets positifs du resvératrol et autres polyphénols), pas tous les jours. Pour les femmes enceintes, c’est alcool zéro. Et nous nous adressons aux jeunes : attention, le « binge drinking » est une pratique dangereuse.

Un chapitre porte sur le vin et les soins palliatifs…

Dr M.L. Le Dr Virginie Guastella, médecin clermontoise des soins palliatifs, a fait « le buzz » il y a 5 ans lorsqu’elle a ouvert un bar à vin dans son unité d'hospitalisation. Son souhait, réhumaniser cette étape ultime de la vie et proposer aux patients en fin de vie autre chose que du bouillon et de la Volvic. Elle a ainsi formé une équipe de soins à la cuisine et à l’œnologie.

Avez-vous appris des choses ?

Dr M.L. J’ai été conforté dans mes positions. Notamment sur l’effet bénéfique du vin dans la chimiothérapie. Globalement, les bienfaits sont avérés à condition, ce que chacun des auteurs souligne, de le consommer avec modération.

"Vin et santé, qu'en pensent les médecins ?", éditions France Agricole, 288 p., 39 euros. Sortie imminente

Propos recueillis par Sabrina Moreau

Source : lequotidiendumedecin.fr