À Antibes, Véran entretient le flou sur les négociations conventionnelles

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Publié le 05/09/2020

Crédit photo : Philippe Chagnon-Cocktail santé

C'est par Skype que le ministre de la Santé s'est présenté devant les congressistes de la CSMF réunis à la 26 è Université d'été à Antibes. Durant une heure, il a joué aux jeux des questions-réponses des cadres du syndicat majoritaire. D'emblée, visage masqué, le Dr Jean-Paul Ortiz a adressé au ministre un message très offensif dans un silence grave. « Vous avez réussi à dégager plus de 27 milliards d'euros pour l'hôpital, dont 8,2 mi-liards pour les revalorisations salariales du personnel hospitalier. C'est un signe de reconnaissance vis-à-vis de l'engagement des professionnelles exerçant dans les structures hospitalières. Malheureusement rien n'a été fait à ce jour pour la médecine de ville », lance le patron de la CSMF. Alors que les négociations conventionnelles pour les médecins libéraux se profilent, la confédération revendique sans détour « des avancées tarifaires, en particulier pour la valorisation de l'acte médical contrairement à ce qui a été écrit dans la lettre de cadrage adressée au nouveau directeur de la CNAM ».

Consultation complexe, coordination, ROSP...

Les attentes des médecins de la CSMF sont nombreuses. Généralistes et spécialistes réclament en priorité à Olivier Véran de « recadrer la lettre de cadrage » pour inclure d'autres revendications prioritaires à leurs yeux. Chez les généralistes, le Dr Luc Duquesnel, président de la branche a mis l'accent sur les consultations complexes. « La pratique des médecins généralistes ont changé et ils réalisent de plus en plus de consultations complexes. La prochaine convention s’appliquera en 2023. Les médecins ne peuvent pas continuer à réaliser des consultations complexes de 45 minutes à 25 euros », dit-il. Le Dr Sylvaine Le Liboux, secrétaire générale des Généralistes-CSMF et présidente d'une CPTS dans l'Indre, porte une autre demande forte des généralistes : « L'articulation du premier et second recours est un enjeu de la prise en charge en ambulatoire. La lettre de cadrage ne mentionne que la télé expertise. Comment comptez-vous valoriser la nécessaire coordination entre généralistes et spécialistes ? ».

De son côté, le président de la branche spécialistes, Dr Franck Devulder, n'est pas en reste. S'il salue le coup de pouce annoncé sur les spécialistes médicales non techniques, il se demande néanmoins si la ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique) est « le véhicule suffisant » pour valoriser la pratique médicale basée sur la pertinence et l'efficience. Autre interrogation du Dr Patrick Assayag, secrétaire générale des Sépcialistes-CSMF et cardiologue portant sur la téléconsultation par téléphone, un acte dérogatoire remboursé à 100 % comme un acte de téléconsultation pendant la crise sanitaire et supprimé depuis le 10 juillet. « Cet acte nous a permis de maintenir un lien très important avec des patients âgés, chroniques qui ne sont pas des geeks pour éviter les complications. Allez vous le réintroduire ? ». Idem pour la télé expertise valorisée à 12 euros. « C'est une insulte à la profession », ajoute-t-il.

Ouvert aux bonnes idées

Devant une salle attentive qui n'a pas applaudi après son bref discours d'introduction qui se voulait confraternel, Olivier Véran a d'emblée rappelé que ce n'est pas au ministre de la Santé de négocier avec les syndicats mais la CNAM. Sans jamais répondre clairement aux revendications précises portées par les cadres, le neurologue affirme qu' « une lettre de cadrage peut être rigide mais aussi ouverte aux bonnes idées qui se présente et aux consensus qui peuvent être trouvés. N'ayez crainte de ce point vue là ! ». « Je fais confiance à Thomas Fatome, le nouveau DG de me faire remonter les pistes, les éléments qui seraient bloquants et qui seraient utiles pour notre système de santé », affirme-t-il.

Pas de quoi satisfaire le président de la CSMF, le Dr Jean Paul Ortiz. « Il n'a pas répondu sur l'élargissement de la lettre de cadrage. Je crains que Thomas Fatome nous réponde qu'il ne peut pas sortir du cadrage. Je crains qu'à ce petit jeu-là, nous soyons les dindons de la farce », dit-il. « Si les choses devaient rester en l'état, on ne signera pas l'avenant conventionnel », prévient sans détour le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr