Allongement du délai d’IVG

Des équipes en difficulté

Par
Publié le 24/06/2022
Article réservé aux abonnés

C’est à la fin du mois de février que l’Assemblée nationale a définitivement adopté le texte faisant passer de 12 à 14 semaines le délai légal de l’IVG. La loi a été promulguée en mars avec une application immédiate. « Nous avons le sentiment d’un manque total de considération pour les professionnels qui ont été mis devant le fait accompli, sans délai, ni moyens supplémentaires. Cela a créé des dysfonctionnements et des difficultés pour répondre à la demande des femmes », explique le Pr Aubert Agostini, gynécologue-obstétricien à l’hôpital de la conception à Marseille et président de la commission « orthogénie » au CNGOF.

Ce n’est pas tant le nombre supplémentaire de femmes faisant une demande d’IVG qui pose problème aux équipes. « Avant tout, ces demandes sont faites dans un contexte d’urgence, en étant très proche du délai. Par exemple, le vendredi avant le week-end de Pentecôte, nous avons vu arriver une dame qui était à quatre jours du délai. Faute d’une organisation adaptée, nous n’avons pas pu répondre à sa demande, ce qui est très regrettable », indique le Pr Agostini.

La réalisation d’une IVG au-delà de la 12e semaine réclame aussi un savoir-faire médical et un plateau technique adapté. « C’est une intervention un peu délicate pour laquelle il faut faire une échographie », souligne le Pr Agostini, en regrettant la façon dont cet allongement a parfois été présenté. « Étendre le délai d’IVG ne doit pas être une décision médicale, mais citoyenne. C’est à la société de dire jusqu’à quand une femme peut mettre un terme à sa grossesse. On a présenté cela comme une solution au problème d’accès à l’IVG. Au lieu de tout faire pour faciliter cet accès, on a préféré allonger les délais. Ce qui a été vécu par certains comme une sorte de pis-aller. »

Entretien avec le Pr Aubert Agostini

Antoine Dalat
IVG

Source : lequotidiendumedecin.fr