« La Femme de ma vie », d’Andrew Payne

En direct, mais à distance

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Publié le 29/05/2020
Le comédien Robert Plagnol joue trois fois par semaine un monologue qu’il a traduit. Il se filme lui-même et les amateurs peuvent le suivre sur Zoom.
Humour noir

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Crédit photo : DR

De tous les arts vivants, la musique et le théâtre seront ceux qui auront le plus de mal à reprendre car les mesures de précaution sont difficiles à mettre en place. L’horizon du retour est lointain. D’octobre 2020 à janvier 2021, chaque institution, privée ou publique, va tenter de recommencer. Durant les deux mois de confinement, les initiatives se sont multipliées et nous les avons relayées dans ces colonnes. Elles venaient la plupart du temps d’institutions théâtrales et de groupes de comédiens et de techniciens.

Certains ont travaillé depuis leur confinement même et dans la solitude induite. Des Don Quichotte partant seuls à la conquête des spectateurs. Ainsi Robert Plagnol. Ce comédien que l’on connaît depuis près de trente ans et qui est passé par des univers très différents, a quelque chose, physiquement et mentalement, de très anglo-saxon. Un grand gaillard athlétique et souriant, très entreprenant depuis toujours, interprète fin, vif, délié, ne se prenant en rien au sérieux. Il ressemble à ce que l’on imagine des jeunes étudiants américains. Il a bien dans les 50 ans aujourd’hui. Mais il fait très jeune. Visage ouvert, personnalité solaire.

Il a développé une relation particulière avec un auteur britannique, scénariste (un des pourvoyeurs d’histoires pour la série télévisée « Inspecteur Barnaby »), Andrew Payne. Après « Synopsis » et « Squash », deux féroces précipités dramatiques, traduits par Plagnol et Vanessa Chouraqui, joués magistralement au Petit Montparnasse en 2006 et repris à la Commune d’Aubervilliers en 2009, on a vu « En réunion », deux mises en scène de Patrice Kerbrat.

Il y a deux étés, en juillet 2018, Robert Plagnol avait présenté « la Femme de ma vie », mis en scène par Gilles Bannier, dans un salon de l’Hôtel d’Europe, à Avignon, « off off » en quelque sorte. Auparavant, une première ébauche avait été lue dans les locaux du styliste Paul Smith (il est beaucoup question de vêtements dans la pièce).

Robert Plagnol pensait à une reprise et travaillait avec Patrice Kerbrat quand est tombé le couperet du confinement. Il a eu l’idée de proposer en direct une mise en scène-parcours qu’il filme lui-même dans son appartement. Avec un téléphone, avec une tablette. Il a des aides : le très talentueux compositeur Michel Winogradoff a déterminé les cadrages et veille sur le son, Laurent Béal a mis au point les lumières.

Vogue la galère. L’histoire de « la Femme de ma vie », monologue qui pulse, nous éclaire surtout sur le narrateur, ce mec singulier, peu rigoureux dans sa vie et sa manière de subsister… Nous n’en dirons pas plus. Le plaisir est de découvrir ce curieux « bavard ».

C’est étrange ce sentiment du présent, de la fragilité de ce qui se joue, de cette bizarre relation qui se développe pendant une heure quinze, à la suite de cet homme qui se filme lui-même et nous lance de terribles regards parfois.

Jeudi, vendredi, samedi à 19 heures. Le rendez-vous demeure identique. Mais Robert Plagnol tente de lancer une chaîne web théâtre. Il a contacté son amie, la merveilleuse comédienne Luce Mouchel, et d’autres.

Pour s’inscrire, directautheatre.com et plateforme Zoom. Mais désormais, c’est payant : 10 € par représentation.

 

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin