Je suis très surprise de ne voir jamais mentionné le médecin qui exerce en milieu scolaire (cf. lequotidiendumedecin.fr 20/11/2011: «Dr Gilles Lazimi sur les violences faites aux enfants : "Les médecins doivent être mieux accompagnés dans la procédure de signalement" »). C'est souvent à l'école que l'enfant se décide à parler de ce qu'il vit, et le rôle du médecin scolaire est fondamental dans l'écoute et l'accompagnement de cette parole, si difficile souvent à exprimer.
La plupart des enfants maltraités ne parlent pas, « protègent » le ou les parents violents si on leur pose des questions. Dans de nombreux cas, l'enfant maltraité ne se décide à parler que si la situation qu'il vit devient vraiment insupportable, ou lorsqu'un autre membre de sa famille - sa mère, un frère ou une sœur - est lui aussi maltraité. Et si la personne à laquelle il se confie commence par mettre en doute sa parole, il n'en parlera plus pendant (très) longtemps.
C'est dire l'importance d'une formation pour tous les intervenants en milieu scolaire, apprendre à écouter - sans influencer - mais accepter parfois de croire « l'incroyable » de certains mauvais traitements physiques ou sexuels lorsqu'un enfant ose en parler à quelqu'un en qui il a confiance. Et parmi ces intervenants en milieu scolaire, le médecin est souvent le plus à même d'accueillir cette parole, et c'est plus facile aussi pour lui qu'un médecin généraliste qui exerce en libéral.
De nombreuses CRIP (cellule de recueil des informations préoccupantes) ont, au sein de leur équipe multidisciplinaire, un médecin expérimenté. Tout médecin souhaitant saisir la CRIP pour une situation qui l'inquiète peut demander à parler à ce médecin, s'il hésite à s'adresser à un autre intervenant, même expérimenté mais non-médecin. Les médecins scolaires qui ont eu l'occasion de prendre contact avec la CRIP de leur département y trouveront une aide précieuse.
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