À quels moments repérer ?
La première forme du mésusage est par définition asymptomatique : il ne faut donc pas attendre des signes d’appel pour repérer un mésusage, qui peut apparaître à tout âge.
Exemples de consultations propices au repérage
- examen de routine
- recueil des antécédents lors d’une première consultation
- prescription d’un médicament connu pour interagir avec l’alcool (antibiotiques, antidépresseurs, antihistaminiques, benzodiazépines, myorelaxants, opiacés, AINS, AVK…)
- passage aux urgences
- femme enceinte ou ayant un désir de grossesse
- « personnes à haut risque de boire en excès » : fumeurs, adolescents et jeunes adultes
- pathologies somatiques souvent liées à la consommation d’alcool (HTA, AC/FA, dyspepsie, hépatopathie, dépression ou anxiété, insomnie, traumatismes…)
- pathologie chronique résistant au traitement (douleur chronique, diabète, troubles digestifs, dépression, cardiopathie, HTA)
Chez qui repérer ?
Tous les patients doivent régulièrement bénéficier d’un repérage. Certaines populations sont plus vulnérables: femmes enceintes, adolescents, patients ayant des troubles psychiatriques et/ou des troubles liées à l’usage d’une autre substance, sujets âgés, sujets précaires.
Chez l’enfant, il est recommandé de commencer par explorer une éventuelle expérimentation de l’alcool : « y a-t-il déjà eu une consommation d’alcool au moins une fois ? ».
Sur quels indices ?
Les indicateurs sociaux sont généralement les plus précoces : problèmes professionnels, financiers, conjugaux, problèmes relationnels répétés, violence domestique…
Les indicateurs cliniques ne sont pas spécifiques : troubles du sommeil, dépression, anxiété, HTA, accidents répétés, érythrose faciale, yeux rouges, troubles digestifs, troubles cognitifs…
Enfin, les indicateurs biologiques, souvent tardifs, peuvent ne pas suffire au repérage en routine.
Quels outils pratiques ?
L’abord de la consommation d’alcool doit préférentiellement s’effectuer de manière ouverte.
Le questionnaire AUDIT-C, (3 items), est le plus intéressant pour mesurer rapidement la sévérité du mésusage.
De plus, il est utile de connaître la consommation d’alcool moyenne et la fréquence des jours de forte consommation (≥ 6 verres). Il faut repérer une consommation de tabac (60-70 % de ces patients), de cannabis (10 %), un jeu pathologique. La réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool peut s’accompagner d’un report sur les autres addictions, notamment le cannabis.
Avec près de 50 000 décès/an liés à l’alcool (9 % des décès), le dépistage des complications somatiques fait partie intégrante de la prise en charge : troubles neuropsychologiques (la SFA recommande le test MoCA, à réaliser à distance d’un sevrage), atteinte cérébelleuse, polynévrite, dénutrition protéino-énergétique et vitaminique, maladie alcoolique du foie. Parmi les buveurs ≥ 6 unités par jour, 90 % ont une stéatose et 10-20 % une cirrhose, avec un risque de CHC.
- Sur le plan biologique, la SFA recommande un bilan au moins annuel : NFS, TP, ASAT, ALAT, gamma GT.
- Plus d’un tiers des sujets avec un mésusage de l’alcool présente au cours de leur vie une comorbidité psychiatrique, avec une aggravation mutuelle des 2 troubles. Pour éliminer la responsabilité de la consommation d’alcool dans l’expression des symptômes psychiatriques, une période d’abstinence ou de consommation à faible risque d’au moins 2-4 semaines est nécessaire. Seules 10-15 % des dépressions persistent après un sevrage.
- La situation sociale (emploi, entourage…) et judiciaire doit être appréciée.
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