CHAPITRE 5 : LES INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES

Publié le 04/12/2015
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La décision de la mise en route d'un traitement, le type et les modalités, la réalisation, la responsabilité, le contrôle de l'efficacité, la durée et la décision de l'arrêt relèvent du spécialiste. Mais, c'est au médecin généraliste, en raison de sa proximité, de sa connaissance du milieu familial, qu'incombe le rôle essentiel de suivi, en relation avec le spécialiste, dans cette période difficile de la vie de l'enfant et, encore plus, de l'adolescent. Le traitement est d'autant plus efficace qu'il est démarré tôt et à plus petite angulation possible.

1- Il est inutile de prescrire de la kinésithérapie systématique, sauf cas particulier, et surtout d'en renouveler l'ordonnance de façon prolongée et automatique.

La kinésithérapie n'a pas fait la preuve d'une efficacité quelconque contre l'aggravation de la scoliose. Elle peut être utile pour renforcer la musculature, corriger les mauvaises attitudes, mais peut être avantageusement remplacée par une pratique sportive régulière qui n'est jamais contre-indiquée en cas de scoliose.

2- L'efficacité du corset est largement démontrée. C'est la base du traitement orthopédique (contention externe).

Il s'adresse aux sujets en pleine croissance afin d'obtenir une correction partielle de la déformation, de la maintenir le mieux possible durant tout le reste de la croissance et à stabiliser la courbure pour aboutir en fin de croissance à un niveau tout à fait compatible avec une vie adulte strictement normale. Il existe plusieurs types de corset .
C'est au spécialiste de faire le choix du plus adapté. Selon les cas et les stades du traitement, le corset sera porté 23h heures sur 24 ou seulement la nuit. Tous les corsets sont maintenant prévus pour permettre une vie de tous les jours et une scolarité normales. Le sport est autorisé.

Le traitement est long, s'étendant sur plusieurs années, jusqu'à la fin de la maturation. C'est un traitement relativement contraignant  et parfois difficile à accepter psychologiquement, bien que tout soit fait pour permettre un habillement compatible avec les désirs de l'enfant. Le médecin généraliste a les meilleures clés pour assurer la régularité, l'acceptation et une compliance irréprochable de la part de l'intéressé.

Le traitement est modulé :

- les courbures importantes (> 20/25°) et en pleine croissance sont considérées comme évolutives et doivent être traitées d'emblée ;
- les courbures de 30 à 45°, surtout si elles sont déjà un peu raides, peuvent être plus efficacement corrigées avec le port initial pendant quelques mois d'un corset plâtré avant le corset plastique.


3- La chirurgie a beaucoup progressé, mais elle ne doit être envisagée qu'en dernier recours et dans des cas bien précis.

Elle consiste à corriger la déformation, si possible dans toutes ses composantes 3-D, à l'aide d'une instrumentation métallique et fixer définitivement la correction obtenue par une greffe osseuse (arthrodèse).

Elle est indiquée :

- en cas d'échec d'un TO bien conduit qui ne parvient pas à juguler l'aggravation progressive ;

- quand la scoliose est déjà trop évoluée ou la maturation osseuse trop avancée pour permettre un traitement orthopédique (45 à 50° en thoracique, 35 à 40° en thoracolombaire) .

Elle ne doit être réalisée que lorsque la maturation est déjà proche de sa fin, c’est-à-dire après l'apparition des PR, à Risser 1 ou 2, afin d'éviter :

- un arrêt de la croissance résiduelle et ses conséquences sur la taille finale ;

- la poursuite de l'aggravation de la courbure par effet vilebrequin de part et d'autre de la greffe. Les suites opératoires se sont considérablement simplifiées : lever au 2e ou 3e jour, aucune contention  externe (ni plâtre, ni corset), sortie de l'hôpital au 8e jour, reprise d'une activité normale au 3e mois et reprise du sport au 6e mois.

La correction obtenue peut être importante (60 à 70 % de la courbure) avec amélioration de l'aspect de profil. La cicatrice est peu visible. L'esthétique très nettement améliorée. L'intervention permet une vie strictement normale à l'âge adulte, y compris en cas de grossesses, même répétées, et pour la pratique des sports courants.

Mais, attention, la chirurgie n'est indiquée qu'en dernier recours car il s'agit d'une chirurgie lourde non dénuée de risque de complications. Même si elles restent rares, certaines, en particulier sur le plan neurologique peuvent être graves.

Il faut systématiquement refuser toute chirurgie « de complaisance » sous prétexte que l'adolescent ou sa famille pense ainsi guérir immédiatement la scoliose en évitant le traitement par corset ou quand la demande concerne un défaut morphologique relativement mineur. 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr