Avec plus de 8 000 nouveaux cas, le mélanome cutané est le plus grave des cancers de la peau. Il est observé dans toutes les catégories d’âge et le pic d’incidence se situe entre 50 et 64 ans chez l’homme et entre 15 et 64 ans chez la femme. Sa détection précoce est la meilleure chance de guérison du mélanome cutané, car elle permet d’intervenir avant la phase d’extension métastatique. Seul le diagnostic de mélanome cutané in situ (stade précoce du mélanome cutané) et de mélanome cutané de faible épaisseur (mesuré par l’indice de Breslow) pourrait permettre de diminuer la mortalité liée à ce cancer. L’INCa et la Has viennent de rendre public un rapport d’orientation sur les facteurs de retard au diagnostic de mélanome cutané (1), dont l’objectif était d’identifier les causes de retard au diagnostic de ces cancers, de discuter notamment des places respectives du médecin généraliste et du dermatologue dans le parcours de soins. Au rapport de conclure « qu’aucun argument ne permet de présager que la coordination du parcours de soins par le médecin traitant puisse occasionner un éventuel retard au diagnostic du mélanome cutané ». En parallèle, la HAS, en juillet dernier, validait par une actualisation le contenu sa recommandation de 2006 sur la détection précoce du mélanome cutané.
LES FACTEURS DE RETARD AU DIAGNOSTIC
Les données de la littérature montrent que les facteurs ayant retardé la consultation d’un sujet ayant une lésion cutanée suspecte (qu’elle soit identifiée par lui ou son médecin traitant) étaient l'apparence de non-évolutivité de la lésion, l'absence de signes généraux, la méconnaissance de l'urgence, la négligence, l'absence de douleur, le manque de motivation, la peur du résultat, une mauvaise information du médecin et le manque de temps.
LES FACTEURS DE RISQUE À RECHERCHER
Les facteurs suivants augmentent le risque (risque multiplié par deux) de survenue d’un mélanome :
– mode de vie donnant lieu à une exposition solaire intense. Mais les données de la littérature montrent que l’impact des campagnes d’information grand public sur la prévention du risque solaire est faible. Elles améliorent la connaissance des personnes sur la prévention du mélanome cutané mais elles modifient rarement leur comportement vis-à-vis du risque solaire.
– antécédents de coups de soleil. Classiquement, il est présupposé que les coups de soleil dans l’enfance seraient à l’origine des mélanomes cutanés du fait de la forte réceptivité de la peau des enfants aux UV. Or selon les données de la littérature, il apparaît que le risque est similaire entre le coup de soleil chez l’enfant et le coup de soleil chez l’adulte.
– phototype cutané de type I ou II : une peau claire, des cheveux roux ou blonds, des yeux de couleur claire, des éphélides (taches de rousseur), de nombreux grains de beauté (nombre › 40), des nævus atypiques, un nævus congénital géant (de diamètre › 20 cm) ;
– antécédents personnels ou familiaux de mélanome ;
– sujets soumis aux UV artificiels, notamment avant l’âge de 25 ans ;
– présence de dommages cutanés actiniques.
L’EXAMEN CLINIQUE
Sachant qu’il n’existe aucune corrélation entre le diamètre du mélanome et son épaisseur, on ne peut connaître le stade de gravité du mélanome sur le seul aspect clinique. L’examen clinique permet de suspecter un mélanome, une méthode performante à condition de connaître la sémiologie des mélanomes (importance de la formation).
› La démarche analytique visuelle. La règle ABCDE est la méthode de référence en France. Il signifie :
A = asymétrie ; B = bord ; C = couleur ; D = diamètre ; E = évolutivité. Une lésion mélanocytaire est considérée comme suspecte si deux de ces critères sont validés (le critère E étant le critère le plus pertinent).
› La démarche cognitive visuelle. Chez un sujet donné, les nævus ont un aspect clinique homogène, on dit qu’ils se ressemblent entre eux. Une lésion mélanocytaire est considérée comme suspecte si elle est cliniquement différente des autres nævus du patient dans sa forme, sa couleur ou son épaisseur.
LE TANDEM GÉNÉRALISTE/DERMATOLOGUE
› Dès lors qu’un patient à risque a été identifié , au médecin traitant de lui conseiller de faire examiner sa peau par un dermatologue une fois par an, de l’informer sur les risques liés à l’exposition solaire et de l’inciter à l’auto-examen.
› En cas d’identification d’une lésion suspecte, le patient doit être adressé en urgence au dermatologue qui confirmera la suspicion diagnostique par un examen anotomo-pathologique.
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