Environ une hospitalisation sur cinq après passage aux urgences serait médicalement inappropriée alors que 80 % d’entre elles se font sur demande du médecin traitant. Comment expliquer cette distorsion alors que la recommandation du médecin traitant devrait au contraire être un gage d’hospitalisation justifiée ? Une enquête réalisée auprès de 143 médecins généralistes de la région mâconnaise et de 25 médecins des services de médecine du centre hospitalier de Mâcon et récemment parue dans le mensuel Médecine (1) établit un état des lieux et dresse le portrait des principaux obstacles que rencontre le médecin généraliste.
Ainsi, les généralistes citent par ordre décroissant : les difficultés du maintien à domicile (67,6 % des cas), la demande du service receveur (61,6 %), les trop longs délais d’hospitalisation programmée (57,6 %), les moments des appels (fin de semaine à partir du vendredi soir, garde : 46,5 %), la pression de la famille du patient (42,5 %), le manque de temps lié à une activité professionnelle intense (31,3 %), les difficultés pour trouver un interlocuteur hospitalier (30 %), le temps important passé à programmer une hospitalisation (26,3 %), les difficultés relationnelles avec le service souhaité (2 %), etc.
De leur côté, les hospitaliers affirment pour 70 % d’entre eux ne jamais - ou occasionnellement - refuser de programmer une hospitalisation à la demande du généraliste contre 30 % fréquemment. Pour 55 % d'entre eux, le principal facteur allégué pour le refus était le manque de place dans le service, pour 45 % l'absence de médecin disponible l'après-midi dans le service pour voir le patient entré directement.
-› concernant leurs interlocuteurs hospitaliers, les généralistes évoquaient principalement les personnels paramédicaux (surveillante 67 %, infirmières 22 %), moins souvent les personnels médicaux (médecin 63 %, interne
4 %). Une majorité (69,7 %) souhaitait contacter plus facilement les médecins hospitaliers, mais 72 % reconnaissaient réussir à le faire « toujours ou souvent », tout en soulignant les difficultés à trouver un interlocuteur adéquat à l'hôpital pour organiser les hospitalisations programmées, ce qui pour 30 % entraînait une hospitalisation dans le service des urgences. L'absence d'interlocuteur disponible était le 3e obstacle en fréquence à la programmation des hospitalisations pour 13 % des généralistes. Pour les hospitaliers, c'était plutôt à eux de gérer la demande d'hospitalisation programmée (médecin 95 %, interne 10 %) qu'au personnel paramédical (surveillante 45 %, infirmière35 %).
-› L 'obstacle du temps. Programmer une hospitalisation demandait entre 10 et 30 minutes à 54 % des généralistes, moins de 10 minutes à 39 %. Pour 26,3 %, c'était trop, ce qui impliquait d'adresser le patient directement au service des urgences sans tenter la moindre programmation (18 % citaient le manque de temps et la perte de temps téléphonique comme obstacles directs à la programmation, 31,3 % du fait d'activité professionnelle trop intense).
Ainsi, la programmation des hospitalisations n’est certes pas simple mais pour 79 % des généralistes et pour tous les hospitaliers, elle permettrait une meilleure prise en charge des patients.
1- Le Gall A. Programmer les hospitalisations en médecine générale ? Enquête auprès des médecins de la région mâconnaise. Médecine. Septembre 2010 .vol 6. n°7. Pp. 326-330
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