«André, 59 ans, souffre d'hyperuricémie depuis plusieurs années et a présenté déjà plusieurs crises aiguës de goutte. Mais d'origine périgourdine, il a du mal à se mettre au régime...»
Expliquer la maladie et le régime
« Le lien entre ce qu’il mange et les crises douloureuses à l'orteil n'est pas toujours évident à faire pour un patient hyperuricémique » reconnaît le Dr Marie-Anne Puel, généraliste enseignante et membre de la Société Médicale Balint (SMB). Aussi est-il utile de bien expliquer la maladie pour qu'il puisse se la représenter et comprendre ainsi toute l'importance du régime alimentaire. « Plutôt que de parler d'aliments interdits, il vaut mieux parler d'aliments susceptibles de déclencher une crise » poursuit le Dr Annie Catu – Pinault, généraliste enseignante également membre de la SMB. C'est ensuite au patient ainsi informé sur les risques de poussées d'hyperuricémie de décider de son régime. Toutefois, ce dernier est souvent difficile à mettre en œuvre en pratique.
Des enjeux identitaires
En effet les habitudes alimentaires sont le fruit d'une longue histoire qui traverse parfois plusieurs générations. Elles témoignent d'une identité culturelle et familiale. Aussi quand la maladie impose de renoncer aux plaisirs comme ceux de la table pour l'hyperuricémie, ces changements d'habitudes alimentaires peuvent être vécus comme une perte d'identité socioculturelle et constituer un frein important au suivi des conseils diététiques. Tout l'art du médecin, pour favoriser ces changements d'hygiène de vie, est de prendre en compte les héritages culturels et familiaux, et d'accompagner le patient à son rythme pour lui permettre de se penser autrement.
Délivrer des messages clairs
Même dans ce contexte d'ambivalence, il est toujours utile de rappeler au patient hyperuricémique quelques règles hygiénodiététiques sous la forme de messages clairs : deux litres d'eau minérale et un demi-litre d'eau de Vichy par jour (pour l'alcalinisation des urines), pas de plats en sauce, de viandes, d'abats, de charcuteries, d'anchois, sardines et alcool (qui favorisent la production de purines). Enfin il faut éviter d'infantiliser, de faire peur ou de culpabiliser son patient car la nature de la relation médecin-patient a changé aujourd'hui. C'est davantage une relation de partenariat entre un patient qui prend en main sa santé et un médecin conseiller de soins.
Traiter la crise
Les crises d'hyperuricémie sont classiquement très douloureuses au niveau d'un gros orteil et surviennent volontiers la nuit. La priorité est à la réduction de la douleur par la prescription d'anti-inflammatoires et/ou de colchicine orale. Le repos au lit est indiqué aussi avec arceau à visée antalgique pour éviter les frottements. Un dosage d'acide urique permettra de confirmer le diagnostic et servira de base de comparaison pour les dosages ultérieurs dans le cadre d'un suivi pour un traitement de fond de la goutte. Le traitement de fond par allopurinol est instauré en cas de goutte sévère (accès répétés, arthropathie, tophus ou lésions radiologiques). Enfin il faut penser aussi aux causes non métaboliques de la goutte comme les troubles néoplasiques.
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