DIARRHÉE : LES PROBIOTIQUES SONT-ILS UTILES ?

Publié le 14/06/2019
Article réservé aux abonnés
probiotique

probiotique
Crédit photo : SPL/PHANIE

Les antibiotiques perturbent qualitativement la flore intestinale et peuvent provoquer des diarrhées. Les probiotiques ont été proposés pour limiter et prévenir la survenue de ces diarrhées associées aux antibiotiques (DAA). Une revue de la Cochrane a cherché à estimer l’efficacité et la tolérance des probiotiques chez les enfants traités par antibiotiques.

Les chercheurs ont réuni 33 études publiées sur ce sujet jusqu'au 28 mai 2018. Elles ont concerné 6 352 enfants traités avec un ou plusieurs probiotiques parmi Lactobacilli spp., Bifidobacterium spp., Streptococcus spp. ou Saccharomyces boulardii (seuls ou en association), un placebo, d'autres traitements (diosmectite ou préparation lactée) de la DAA ou aucun traitement. Les risques de biais ont été considérés comme élevés dans 20 études et faibles dans les 13 autres travaux.

→ Après 5 à 12 semaines de suivi, l’incidence des diarrhées était diminuée chez les enfants ayant reçu des probiotiques par rapport aux groupes contrôles. Plus précisément, 8 % ont eu une diarrhée dans le groupe probiotiques contre 19 % dans le groupe témoin (risque relatif de 0,45 avec les probiotiques).

Le problème majeur était constitué par les perdus de vue de 1 à 46 % selon les études. En réintégrant ceux-ci dans une analyse en intention de traiter, le bénéfice reste significatif, avec une réduction de risque chiffrée cette fois à 39 %.

→ Une 2e analyse en termes de doses retrouve un bénéfice plus important des fortes doses (> 5 milliards d’unités formant une colonie). Elles réduisent significativement le risque de diarrhée : dans le groupe traité, l’incidence des diarrhées est de 8 %, comparativement à 23 % pour le groupe contrôle. En intention de traiter, les résultats vont dans le même sens, avec un bénéfice plus faible mais persistant des probiotiques.

→ Côté tolérance, les 24 études évaluant le profil de sécurité ne détectent pas de signal inquiétant. Dans le suivi, 4 % des patients ont rapporté des effets indésirables contre 8 % dans le groupe comparateur. Tels que des éruptions cutanées, des nausées, des gaz, des flatulences, des ballonnements abdominaux et de la constipation.

→ D’après les résultats globaux, les chercheurs concluent à une efficacité protectrice modérée. Il faut traiter 7 à 13 enfants pour prévenir une diarrhée. Les études avec les hautes doses de probiotiques sont plus convaincantes, avec 6 enfants à traiter pour la prévention d’une diarrhée. Les biais des études et la diversité des probiotiques limitent le niveau de preuves. Le bénéfice des probiotiques à dose élevée (Lactobacillus rhamnosus ou Saccharomyces boulardii) doit être confirmé par un vaste essai randomisé multicentrique.

→ La tolérance est bonne, mais les auteurs alertent sur des possibles risques chez des enfants immunodéprimés. L’immunodépression faisant déjà partie des contre-indications des probiotiques bénéficiant d’une AMM. Une étude évaluant qualitativement les caractéristiques du microbiome ne relève aucune différence avec l'utilisation concomitante d'antibiotiques et de probiotiques.

1- Guo Q, & al. Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, Issue 4. Art. No.: CD004827. DOI: 10.1002/14651858.CD004827.pub5.

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr