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Femmes-hommes, inégaux chez le médecin généraliste

Publié le 12/09/2014

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Tandis que les débats sur la question du genre ne cessent d’agiter les esprits, les Drs Carl Moubarak et David Darmon, du département d’enseignement et de recherche en médecine générale de l’université de Nice, signent un article dans le dernier numéro de le revue Exercer (1) qui met l’accent sur les besoins spécifiques de soins des femmes. Et ceci au-delà de la gynécologie et de l’obstétrique. « Il est internationalement démontré que, malgré une espérance de vie supérieure à celle de l’homme, les femmes sont plus fréquemment malades, utilisent plus de ressources médicales et consomment plus de médicaments », expliquent les médecins niçois (...) La demande de soins des femmes est croissante mais surtout spécifique. Nous devons veiller à repérer ces besoins de santé chez nos patientes. » De fait, la fréquence annuelle de consultation est de 5,6 en moyenne pour les femmes contre 4,4 pour les hommes.

› Rappelons ce rapport de la Dress (2) sur la santé des femmes en 2009, qui décrivait les motifs de consultations en médecine générale des patientes. Quelle que soit la tranche d’âge, le nombre de motifs de recours ou de diagnostics par consultation en ambulatoire était plus élevé et il augmente avec l’âge chez les femmes comme chez les hommes. Pour les femmes de 10 à 19 ans, on en compte 1,3 contre 2,8 pour les femmes âgées de plus de 80 ans.

› Entre 15 et 44 ans, sans surprise, les consultations en lien avec une prescription de contraception ou suivi de grossesse sont les causes de recours les plus fréquentes avant 40 ans, devant les maladies de l’appareil respiratoire. Leur fréquence diminue ensuite avec l’âge.

› Après 50 ans, les maladies hypertensives sont la première cause de consultation en ville (16,8 % entre 45 et 74 ans et 31,4 % après 75 ans). À l’inverse des hommes, les cardiopathies ischémiques, l’insuffisance cardiaque et les troubles du rythme cardiaque sont encore rarement un motif de consultation chez les femmes à cet âge. Elles deviennent plus fréquentes après 75 ans. Arrivent en deuxième position les pathologies liées à l’arthrose pour lesquelles le retentissement sur la qualité de vie des douleurs et des limitations fonctionnelles est important ; elles concernent 13,9 % des consultations en médecine de ville chez les femmes de 40 à 49 ans et jusqu’à 30,8 % après 80 ans.

› Dès 60 ans, les maladies endocriniennes, les troubles nutritionnels et du métabolisme constituent un motif de consultation fréquent, principalement du fait du diabète et des anomalies lipidiques.

›À tous les âges, la dépression est un motif de consultation fréquent chez la femme. Les troubles névrotiques, de la personnalité ou du comportement concernent 9 % des 45 ans et la dépression (et autres troubles de l’humeur) 5,5 %. Entre 45 et 74 ans, ces proportions passent respectivement à 6,4 % et 9 %. Au-delà de 75 ans, elles sont à 5,2 % et 5,6 ? %.

1- C. Moubarak, D. Darmon. Recours aux soins des femmes : des besoins spécifiques au-delà de la gynécologie et de l’obstétrique. Exercer 2014 ; 113 : 141.

 

2- Danet S, Olier L, Moisy M. La santé des femmes en France. Paris : DRESS, 2009.


Dr Linda Sitruk, FMC@legeneraliste.fr

Source : lequotidiendumedecin.fr