«André, 59 ans, souffre d'hyperuricémie depuis plusieurs années et a présenté déjà plusieurs crises aiguës de goutte. D'origine périgourdine, il a du mal à se mettre au régime... »
Des enjeux identitaires
Les habitudes alimentaires sont le fruit d'une longue histoire qui traverse le plus souvent plusieurs générations. Elles témoignent d'une identité culturelle et familiale. Aussi quand la maladie impose de renoncer aux plaisirs comme ceux de la table pour l'hyperuricémie, ces changements peuvent être vécus comme une perte d'identité socioculturelle et constituer un frein important au suivi des conseils diététiques. Tout l'art du médecin, pour favoriser ces transformations de l'hygiène de vie, est de prendre en compte les héritages culturels et familiaux, et d'accompagner le patient à son rythme pour lui permettre de « se penser autrement ».
Délivrer des messages clairs
Même dans ce contexte d'ambivalence, il est toujours utile de rappeler au patient hyperuricémique quelques règles hygiénodiététiques sous forme de messages clairs : deux litres d'eau minérale et un demi-litre d'eau de Vichy par jour (pour l'alcalinisation des urines) ; pas de plats en sauce, viandes, abats, charcuteries, anchois, sardines et alcool (qui favorisent la production de purines). Des explications peuvent être données, mais en prenant garde de ne pas se montrer trop directif et ne pas trop se justifier. Enfin il faut éviter d'infantiliser, de faire peur ou de culpabiliser son patient du fait du changement de nature de la relation médecin-patient. La fonction apostolique du médecin (voir encadré) consiste désormais à écouter et dialoguer en confrontant son point de vue de soignant avec celui du patient tout en gardant conscience qu'il reste, aux yeux du patient, dépositaire d'un supposé savoir que lui confère son expérience et son statut social de thérapeute.
Prévenir et traiter la crise
Les crises d'hyperuricémie sont classiquement très douloureuses ; elles touchent le gros orteil et surviennent volontiers la nuit. Selon le centre belge d'information pharmacothérapeutique*, la priorité est à la lutte contre la douleur par la prescription d'anti-inflammatoires (AINS), de colchicine voire de corticoïdes, surtout en cas de contre-indication aux AINS ou à la colchicine. Le repos au lit est également indiqué, avec un arceau à visée antalgique pour éviter les frottements. Un taux d'acide urique permettra de confirmer le diagnostic et servira de base de comparaison pour les dosages ultérieurs dans le cadre d'un suivi pour un traitement de fond de l'hyperuricémie. Enfin il faut penser aussi aux causes non métaboliques de la goutte, comme les troubles néoplasiques.
* La prise en charge de la goutte, fiche de transparence, Centre Belge d'Information Pharmacothérapeutique (CBIP), juin 2008
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